El Khalfi reste-t-il dans son rôle quand il critique la diffusion de J-Lo sur 2M?

Le ministre de la Communication veut saisir la HACA pour juger de la diffusion qu’il qualifie d’inacceptable du concert de Jennifer Lopez sur 2M.

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Mustapha El Khalfi
Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Crédit : AFP

Le 29 mai dernier, Jennifer Lopez a enflammé la scène de l’OLM Souissi, les ménages devant leur poste de télévision, et… Mustapha El Khalfi. Mais la prestation de la chanteuse vêtue de tenues légères n’a pas été du goût du ministre de la communication. Dès le lendemain, il a fortement dénoncé sa diffusion en direct sur la chaîne publique 2M.

Mustapha El Khalfi a qualifié la diffusion du concert de Jennifer Lopez « de contraire à la loi » et a précisé qu’il contacterait la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) à ce sujet. Le ministre a tenu à rappeler que la HACA est « chargée de veiller au respect des lois audiovisuelles qui régissent le secteur ». Mustapha El Khalfi a également fait part de son intention de contacter le comité d’éthique de la deuxième chaîne pour « examiner la dimension éthique de la diffusion (du concert, ndlr)». Le président de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision Faïçal Laâraïchi n’a pas souhaité faire de commentaire.

« Le ministre ne doit pas imposer ses goûts aux autres »

Pour l’élue PPS Nouzha Skalli, Mustapha El Khalfi n’est pas dans son rôle. « Le ministre a le droit d’avoir ses goûts mais doit une fois pour toutes renoncer à l’idée qu’il doit mettre le goût des autres sous tutelle, estime-t-elle, nous sommes une société aux goûts, âges et références variés ». La parlementaire met avant la « multiplicité dans le paysage audiovisuelle marocain » : « On a l’embarras du choix. Quand je tombe sur une émission qui ne me plaît pas je vais voir ailleurs ».

D’après Nouzha Skalli, cette dernière sortie de Mustapha El Khalfi illustre un comportement plus général du ministre qu’elle qualifie de « tendance moralisatrice à l’extrême à l’égard du goût de notre jeunesse ». Elle fait notamment référence à l’interdiction du film Much loved : « C’est le droit de chacun de ne pas aimer un film ou une chanson mais il est inefficace de vouloir censurer quoi que ce soit ».

Pour le PJD, El Khalfi doit aller plus loin

De son côté, le député PJD Abdelaziz Aftati, aimerait au contraire que Mustapha El Khalfi transforme sa parole en acte. « Pour moi il n’a pas encore réagi de façon officielle mais il faut qu’il clarifie les prérogatives qui lui incombent et celles de la HACA en la matière », commente-t-il. Concernant la diffusion du fameux concert sur 2M, il nous explique que « Ce n’est pas une question d’être choqué ou pas » mais que quand-même, « ces images dérangent la majorité des gens, tout en utilisant l’argent public ». Il en appelle à des chaînes dites « indépendantes » mais respectant « leurs engagements ». « Il me semble que diffuser de telles conneries va à l’encontre du cahier des charges », conclut-il.

Et le reste du PJD semble être du même avis. D’après les Inspirations Eco, le président du groupe parlementaire du parti Abdellah Bouanou a ainsi convoqué une réunion de la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication. D’après lui, la diffusion de ce concert est contraire aux obligations de 2M. Il fait notamment référence au chapitre 4 du cahier des charges relatif aux « bonnes mœurs ».

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