«Génocide» au Sahara: le juge espagnol poursuit un nouveau fonctionnaire

Un juge espagnol demande que soit jugé le gardien de la prison de Smara, où des actes de torture auraient eu lieu entre 1975 et 1991.

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La ville d'Es-Semara. Crédit: Bertramz / Wikipedia

Le 9 avril dernier, Pablo Ruz, juge de la plus grande instance judiciaire espagnole, a publié un arrêt sur les accusations portées par une association sahraouie à l’encontre de onze fonctionnaires marocains. Ces derniers sont poursuivis pour « génocide » contre le peuple sahraoui.

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Le 22 mai, le nouveau juge en charge de l’affaire, José de la Mata, a réclamé des poursuites à l’encontre d’un fonctionnaire supplémentaire : Lehsan Chaf Yeudan, gardien de la prison de Smara, dans laquelle auraient eu lieu les actes de torture.

L’homme était déjà cité dans l’enquête du juge Ruz mais ce dernier avait décidé de ne pas poursuivre ce fonctionnaire, les crimes dont il l’accusait étant prescrits. Mais le nouveau juge estime qu’il n’a pas été actif qu’au début de la période en question (années 1970), déjà prescrite.

Aussi, comme le rapporte l’agence de presse Europa Press, José de la Mata estime que Lehsan Chaf Yeudan, même s’il ne donnait pas d’ordre, « participait directement et personnellement » aux exactions inscrites dans ce « plan global » de torture « conçu et mis en œuvre systématiquement » pour détruire les Sahraouis. Il aurait ainsi participé, entre autres, à des actes de torture commis sur le bébé de l’une des prisonnières. Celle-ci accuse ses tortionnaires d’avoir coupé les doigts de son enfant avant de les éparpiller dans sa gamelle.

Le magistrat demande donc la recherche et la détention de Lehsan Chaf Yeudan.

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Cette enquête a été initiée en 2007 par Baltasar Garzon, connu pour avoir poursuivi le dictateur chilien Augusto Pinochet, selon le principe de compétence universelle, alors en vigueur, qui permettait aux tribunaux espagnols d’enquêter sur des faits commis à l’étranger. Et si en février 2014  la Chambre basse du parlement espagnol a voté une loi restreignant ce principe de justice universelle, quelques semaines plus tard le juge Pablo Ruz avait annoncé qu’il poursuivrait quand même l’instruction de tous les dossiers sur de prétendus génocides commis au Sahara, contre des Sahraouis dans les camps de Tindouf ou contre les responsables de crimes commis sur la base militaire de Guantanamo..

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