Comment couvrir l'engagement de l'armée marocaine au Yémen?

Par La Rédaction

La disparition d’un F-16 marocain au Yémen est entourée d'incertitudes et de rumeurs. L'Etat ne communique pas. Telquel.ma souhaite couvrir sérieusement cette information. Avec les principes suivants.

Depuis l’annonce de la disparition d’un F-16 des FAR et de son pilote, engagé au sein de la coalition arabe au Yémen, les informations sur le sujet fusent et se contredisent. Fidèle à sa ligne éditoriale et soucieuse des problématiques de déontologie, la rédaction de Telquel.ma est mobilisée pour fournir une information qui se veut de qualité et actualisée à ses lecteurs.

Nous sommes régulièrement confrontés au silence de nos autorités sur des questions nationales importantes. Sur la disparition du F-16 marocain et de son pilote, nous devons, nous journalistes et vous lecteurs, tous nous contenter des communiqués laconiques des Forces armées royales diffusés par l’agence de presse officielle MAP. Cette communication parcimonieuse et l’absence de réactivité laisse le champ libre aux théories les plus folles, certaines cédant au complotisme. Ce silence est aussi un mépris pour les citoyens.

Nos journalistes sont attentifs aux répercussions que pourrait avoir la diffusion de certaines informations tout autant qu’à son devoir d’information. La décision de publier chaque article est mûrement réfléchie et le choix des mots donne lieu à débat. Nos journalistes lisent attentivement les commentaires constructifs des lecteurs, afin de toujours mieux les informer.

Dans son préambule, le Code de déontologie des journalistes maghrébins dispose que « le droit du public à une information de qualité fonde l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes ». Le premier de ces devoirs est le respect des faits qui découlent d’éléments objectifs et vérifiés, à l’inverse des commentaires et de la spéculation.

Pour cela, les journalistes doivent être indépendants et faire preuve d’esprit critique. Appliqués à l’actualité au Yémen, ces préceptes impliquent de prendre du recul par rapport à l’engagement du Maroc au sein de la coalition arabe. Dans une tribune publiée sur Panorapost, Aziz Boucetta affirme que « partout dans le monde, quand une armée est engagée, sa population la protège du mieux qu’elle peut, et le moins qu’elle puisse faire est de la montrer à son avantage. »

Nous nous inscrivons en faux par rapport à cette manière de concevoir l’information. Telquel.ma n’est pas un organe de communication de l’armée marocaine. Notre rédaction conçoit son devoir de citoyen en affirmant le droit à l’information, à la libre expression et à la critique comme libertés fondamentales de tout individu. Comme dans les grandes démocraties. Comme quand les journaux américains dénoncent le comportement de leurs militaires dans les prisons irakiennes. Comme lorsque des médias français se font le relais d’accusations de viols par des soldats français sur des enfants en Centrafrique.

Les journalistes doivent également avoir conscience des conséquences des informations qu’ils diffusent. C’est pourquoi le traitement de l’information fait l’objet de concertations au sein de la rédaction de Telquel.ma et que nous nous assurons que les informations diffusées sur notre site ne nuisent pas à la sécurité de nos compatriotes engagés au Yémen. Mais ne soyons pas naïfs. Les médias marocains ne sont pas la source du renseignement houthi. Quand Telquel.ma relaye des informations déjà révélées par des journaux yéménites, nous ne doutons pas que l’information soit déjà arrivée à l’oreille des rebelles chiites.

Avant d’exiger de la presse nationale le devoir de se taire, il faudrait qu’elle ait déjà le droit d’informer.