Pourquoi les femmes diplômées sont-elles les premières victimes de la crise

Une membre d’Attac nous explique pourquoi les Marocaines, aussi bien ouvrières que diplômées, sont touchées de plein fouet par la crise qui sévit en Europe.

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Crédit : Yassine Toumi.

Connue pour son action de défense des citoyens face aux Etats qu’elle considère comme étant trop libéraux, l’association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac), altermondialiste, alerte depuis 2008 sur les conséquences de la crise économique mondiale sur les populations, les plus vulnérables en tête. Amina Amzil, membre de la section marocaine, revient sur le cas des femmes.

Dans une tribune, vous prétendez que les femmes sont les premières victimes de la crise. Pourquoi ?

Les femmes sont concentrées dans des secteurs liés au marché international, qui ont donc été directement touchés par la crise en Europe. C’est le cas de l’agriculture, du textile ou du tourisme, qui font majoritairement travailler des femmes. Le textile par exemple, emploie 60 % de femmes et a perdu beaucoup de postes de travail. La crise s’est faîte ressentir dès 2009. Dans certains secteurs, les impacts ne sont pas encore clairs mais se manifesteront avec le temps.

Crédit : Yassine Toumi.
Crédit : Yassine Toumi.

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Qu’en est-il des femmes diplômées ?

Le chômage des femmes a augmenté et ce sont les diplômées qui ont été les plus affectées. [Le taux de chômage est de 11 % chez les femmes et 8,4 % chez les hommes. Mais chez les diplômés, il est de 21 % chez les femmes contre 11 % chez les hommes, ndlr]A cause de la crise, le Maroc augmente la part du remboursement de la dette dans le budget public et réduit la part d’investissement. L’offre de travail dans la fonction publique n’est alors pas suffisante. Il y avait déjà une disparité entre les hommes et les femmes, mais elle s’est accentuée. Le problème se retrouve aussi dans le privé puisque des secteurs qui embauchaient des diplômées, comme celui du tourisme par exemple, ont été touchés directement par la crise.

Attac s’apprête à publier un livre sur les Marocaines du secteur agricole. Dans quelles conditions travaillent-elles ?

Les femmes travaillant dans le secteur agricole sont exploitées. Cette main d’œuvre féminine se caractérise par son élasticité, qui peut s’adapter aux changements du marché mondial. Le salaire est 50 % moins élevé que dans l’industrie. Le revenu journalier est entre 40 et 50 dirhams. Mais elles peuvent être payées par heure, par tâche… Ensuite, les conditions de travail sont très pénibles : sous les serres chaudes, en contact avec des produits chimiques très dangereux pour la peau et la respiration.

Crédit : Liam Moloney/Flickr.
Crédit : Liam Moloney/Flickr.

 

Dans les champs elles travaillent toute la journée debout ou le dos courbé. Aussi, il n’y a pas de bus à disposition des femmes. Donc elles sont transportées dans des camions de marchandises. Il n’y a pas d’espace pour manger, bien sûr pas de crèche pour allaiter non plus, pas de congés maternité. Comme elles sont analphabètes, elle n’ont aucune connaissance de leurs droits.

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