53% des médecins sont concentrés dans trois régions

Education, santé, culture, emploi… un rapport de la DEPF confirme les inégalités criantes d’accès aux droits humains selon les régions.

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C’est une manne de données que le ministère des Finances vient de publier en rendant public un rapport intitulé Des inégalités régionales sous le prisme de l’accès aux droits humains : de la multiplicité à l’indivisibilité.

Le document reprend des centaines de données chiffrées pour donner un score à chaque région (d’après l’ancienne carte des régions) selon le niveau d’accès aux droits. Les thèmes abordés sont multiples : éducation, santé, logement protection judiciaire, entrepreneuriat, infrastructures sportives, culture, inégalités… Au total, 67 indicateurs sont pris en compte.

Tous droits confondus, la région la mieux lotie est Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra. Cependant, cette position ne signifie pas grand-chose puisque les différents critères ne sont pas pondérés dans la calcul : la région est mal notée en matière de mortalité maternelle, d’emploi (surtout chez les femmes) ou d’infrastructures routières, mais réalise un très bon score en matière d’encadrement scolaire et de taux de réussite au baccalauréat. Il est donc plus intéressant de se pencher sur les inégalités par critère que sur le classement final, clôturé par Tanger-Tétouan et Taza-Al Hoceïma

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Dans la santé, d’énormes inégalités entre villes et campagnes

Le rapport interpelle sur l’importance des inégalités en matière de santé. Entre 1998 et 2011, la couverture nationale des médecins s’est nettement améliorée, passant de 2 579 personnes par médecin à 1 633 personnes. Mais trois régions seulement concentrent 53 % des médecins, pour 26% de la population (Grand Casablanca, Fès-Boulmane, Rabat-Salé-Zemmour-Zaër). Dans cette dernière, par exemple, le ratio n’est que de 662. La région la moins desservie est celle de Taza-Al Hoceïma-Taounate, où un médecin est censé s’occuper de plus de 5 300 personnes.

Et d’’après les chiffres communiqués, la fracture urbain-périurbain est encore plus importante que celle opposant la campagne à la ville. Si l’on prend l’exemple de la région du Grand Casablanca, le ratio est 7 fois moins élevé à Médiouna que pour la ville de Casablanca.

Si la couverture hospitalière (le nombre de lits par habitants) est plus équilibrée que celle des médecins, en revanche, elle a quasiment stagné entre 1998 et 2011. La région d’Oued Ed Dahab-Lagouira est extrêmement mal servie en la matière, le nombre d’habitants par lits ayant ainsi quadruplé entre 1998 et 2011.

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Dans certaines régions, 1 personne sur 4 n’a pas accès à l’eau potable

Autre grosse inégalité régionale : l’accès à l’assainissement. Au niveau national, le taux d’accès s’élève à 59,5 % de la population, d’après les chiffres de 2012. Mais dans certaines régions, il est nettement inférieur. Dans celle de Taza Al Hoceïma Taounate par exemple, une seule personne sur quatre a accès à un tel réseau de traitement des eaux usées. Un chiffre qui n’a que très peu progressé ces dernières années.

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Le nombre de centres pour les personnes souffrant d’un handicap a augmenté, mais le pays n’en compte quand même que 54. La région de l’Oriental est la mieux dotée avec neuf établissements et plus de 33 % du personnel encadrant.

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Fès et Agadir : beaucoup trop d’étudiants par prof

Sans grande surprise, l’alphabétisation de la population souffre elle aussi d’inégalités territoriales. La région au taux d’alphabétisation le plus élevé est celle de Laâyoune (87 %) et celle où il est le plus bas est Taza-Al Hoceïma-Taounate, où il y a plus d’habitants analphabètes qu’alphabètes.

Même s’il n’y a pas de corrélation avec le taux d’alphabétisation, le nombre d’élèves par enseignant varie aussi énormément d’une région à l’autre. Casablanca a réalisé une contre-performance en la matière ces deux dernières décennies.

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Dans l’enseignement supérieur aussi le ratio étudiants/professeur varie beaucoup selon les régions. Les universités d’Agadir, de Fès et de Kénitra sont très mal loties. Au niveau national, le ratio a augmenté puisque le nombre d’étudiants et en hausse et que l’effectif du corps enseignant est en baisse, surtout depuis 2005, année de départs volontaires.

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