Benkirane: «Il n’y aura pas de levée de la compensation sur le gaz butane»

Décompensation, désintérêt des Marocains pour la politique, projet de loi contre les violences envers les femmes... Abdelilah Benkirane s’explique.

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Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane.

Nouveau bilan d’étape pour Abdelilah Benkirane. Invité par l’association Tizi a une conférence placée sous le thème du « Bilan d’étape de l’action gouvernementale », le chef du gouvernement s’est notamment exprimé sur la décompensation du gaz butane et du sucre. Le secrétaire général du PJD a également abordé les problématiques de l’emploi, de l’éducation ainsi que le manque d’intérêt des Marocains pour la politique.

Cinq milliards de subventions annuelles pour le sucre

Bien qu’évoquée, la décompensation du gaz butane ne devrait pas avoir lieu. Abdelilah Benkirane a, une nouvelle fois, tenu à nier toute éventualité de suppression de cette aide :

Pour le moment, nous (le gouvernement, ndlr) n’envisageons pas de supprimer cette subvention. Pour franchir ce cap, il faut parvenir à trouver une solution pour venir en aide aux personnes dans le besoin.

Il a rappelé que les subventions accordées à ce produit coûtent actuellement 14 milliards de dirhams aux caisses de l’État.

Une logique similaire devrait être adoptée pour le sucre, dont la subvention coûte cinq milliards de dirhams par année aux caisses de l’État, selon Abdelillah Benkirane. Le chef du gouvernement n’a toutefois pas mentionné un éventuel arrêt des subventions allouées au blé. Les subventions de ces trois produits durant l’année 2015 sont estimées à 20 milliards de dirhams selon la loi de finances.

« Nous ne devons rien aux diplômés chômeurs »

Interpellé sur la question de l’emploi, Abdelilah Benkirane a reconnu que son gouvernement avait encore des efforts à fournir en vue de combattre le chômage. Il a néanmoins tenu à signaler que le gouvernement, « avec l’appui du roi », avait débloqué 450 millions de dirhams afin de former 120 000 diplômés aux métiers de la comptabilité et de l’informatique.

Cette initiative devrait permettre aux étudiants diplômés de favoriser la recherche d’un emploi dans le secteur privé car l’État n’est pas, comme l’a indiqué Benkirane, supposé « offrir (aux étudiants diplômés, ndlr) […] de l’emploi ». Le chef du gouvernement a tenu à préciser que les emplois qu’offrent l’État sont « uniquement attribués sur concours ».

Une loi anti-violences contre les femmes d’ici 2016

Alors que le débat sur l’avortement a récemment connu une avancée un autre sujet sensible, celui de la violence contre les femmes, n’a toujours pas connu d’avancée. En novembre 2013, la ministre de la Femme et de la famille, Bassima Hakkaoui, avait déposé un projet de loi visant à lutter contre ce type de violences mais celui avait été critiqué par la société civile et certains membres conservateurs du PJD. Depuis, le projet est au point mort.

« Certains articles (dans ce projet, ndlr) sont problématiques et nous sommes en train de les modifier », a expliqué le chef du gouvernement avant d’assurer, sans préciser, que le texte « sera adopté » avant la fin de son mandat.

« Les hommes politiques travaillant pour l’intérêt commun sont rares »

Alors que les élections régionales approchent, le secrétaire général du PJD n’a pas hésité à se montrer très critique envers ses adversaires politiques. Ainsi, Abdelilah Benkirane a ouvertement critiqué ses principaux adversaires politiques, l’Istiqlal et le PAM, qui, selon lui, ne parlent que de « futilités et font dans les fausses accusations au lieu de critiquer sur le fond la politique gouvernementale et émettre des propositions de taille ».

Lire aussi : PAM / Benkirane, une « surenchère électorale »

Le chef du gouvernement s’est également plaint de l’intérêt pour le gain personnel qui règne dans le champ politique. « Cela fait 50 ans que la politique au Maroc est liée à des intérêts personnels ou partisans. Les hommes politiques travaillant pour l’intérêt commun sont rares », a-t-il lancé. Cette même logique règne, selon lui, dans les partis politiques dont les leaders ne travaillaient que pour obtenir des postes et se construire une carrière et non pour répondre aux besoins du pays. C’est la cause principale du désintéressement du citoyen de la vie politique et, par conséquent, du boycott des élections, selon Abdelilah Benkirane.

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