Recensement 2014: 10 points à retenir

Le jeudi 19 mars, le Haut-commissaire au plan a présenté les chiffres détaillés du recensement 2014. Tour d'horizon des points à retenir.

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Ahmed Lahlimi lors de la conférence sur le recensement 2014 le jeudi 19 mars. Crédit : Rachid Tniouni

Le 1er septembre, le nombre de Marocains sur le territoire chérifien atteignait les 33 762 036 ; les étrangers, eux, étaient de l’ordre de 86 206 résidents. L’ensemble constituait 7 313 806 familles. Des chiffres qui renseignent sur l’évolution démographique du pays mais aussi sur l’inversement de certaines tendances. Baisse de la natalité, augmentation significative du nombre des étrangers qui habitent dans le royaume et une population du sud en pleine progression. Voici ce qui ressort de ce recensement ayant couvert 98,62% du territoire, selon le Haut-commissariat au plan.

1. Des chiffres qui font débat

Pour ce sixième recensement, les chiffres suscite un débat, notamment sur les réseaux sociaux et les médias où les citoyens s’étonnent de la progression timide du nombre d’habitants légaux du royaume. « On ne devrait plus mettre en doute ces chiffres », a déclaré le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi. Ce dernier assure que les « chiffres du recensement n’ont jamais été biaisés » et que les « détracteurs  n’ont aucune source fiable ni de raison concrète » pour avancer de telles accusations.

2. Une optimisation du processus malgré certains imprévus

Ahmed Lahlimi a assuré que le processus du recensement depuis ses premières étapes jusqu’aux résultats finaux a été optimisé : « Les résultats détaillés devraient tomber en avril. Pour les détails démographiques qui détaillent plusieurs volets du recensement, il va falloir attendre septembre. »

Le Haut-commissaire au plan assure que le recensement « s’est passé dans des conditions positives », malgré « quelques imprévus ». Trois des sondeurs sont en effet décédés lors de l’opération, dont deux d’une mort normale, et 14 accidents de la route ont été enregistrés. « Mais quatre personnes ayant participé au recensement se sont mariés », positive Ahmed Lahlimi.

3. Un budget de presque 900 millions

Le budget global du « recensement général de la population et de l’habitat » en 2014 s’est élevé à 864,7 millions de dirhams, une somme dépensée progressivement entre 2012 et 2015. Ce budget a assuré la faisabilité des trois grandes phases du recensement, à savoir les travaux cartographiques (16,43%), l’exécution du recensement (78,35%) ainsi que l’équipement du Centre de lecture automatique des documents et l’exploitation des données (5,22%). Ce centre a assuré « une grande vitesse du traitement des données » mais surtout « la possibilité de garantir la confidentialité des informations personnelles », selon Ahmed Lahlimi.

4. Une hausse importante des étrangers résidant au Maroc

De 51 000 étrangers résidant au Maroc en 1994, le chiffre est passé à 86 000. Une augmentation rapide et concentrée sur les dernières années, ce chiffre n’ayant augmenté que de 1 000 personnes entre 1994 et 2004. « Cela s’explique par la montée des touristes qui viennent s’installer au Maroc », explique Ahmed Lahlimi. Aussi, l’affluence d’immigrés voisins venant de l’Afrique subsaharienne et des pays voisins ayant connu une instabilité durant ces dernières années a permis cette augmentation significative. Le chiffre n’atteint pourtant pas celui des étrangers au Maroc en 1971, alors évalué à 112 000 habitants.

5. Un rétrécissement de la cellule familiale

La taille moyenne des foyers est en nette baisse. En 1982, une famille marocaine comptait en moyenne six membres. En 2014, elle avoisine les 4,2. Une diminution progressive qui s’explique par une baisse de la fécondité. « Nous sommes arrivés au point de non-renouvellement des générations », commente Ahmed Lahlimi. Un facteur qui influe nettement sur la pyramide des âges, dont la base est en train de se rétrécir progressivement.

6. Un taux d’urbanisation qui remonte

20,4 millions des habitants du Maroc résident en milieu urbain lorsque 13,4 sont en milieu rural. Un chiffre qui permet de réaliser l’urbanisation montante du royaume. Si en 2004, 55,1% de la population était urbaine, cette proportion est passée à 60,3% dix ans plus tard.

7. Une ouverture du débat sur l’appréhension de la langue amazighe

« Est-ce que vous écrivez le tifinagh ? » Cette question a provoqué une grande polémique lors des premières étapes du recensement. Des militants amazighs ont exigé l’annulation de cette question sur les formulaires du recensement. Chose faite, puisque remplacée par la question, plus générale : « Est-ce que vous parlez/écrivez amazigh ? ». Ahmed Lahlimi y voit un paradoxe : « On nous demande de faire toute la communication en tifinagh et on ne devrait pas demander aux gens s’ils lisent et écrivent cette langue. »

8. Un taux d’alphabétisation qui renseigne peu sur la réalité

Pour Ahmed Lahlimi, le recensement ne permet pas d’avoir des chiffres précis sur le taux d’alphabétisation du royaume. « Il faut une enquête dédiée pour ça », affirme-t-il. Pour le Haut-commissaire au plan, on ne peut évaluer ce chiffre à la base des déclarations des gens. « Selon les critères internationaux, il faut faire lire et écrire aux gens les langues qu’ils disent maitriser et leur poser des questions sur leur compréhension du texte », détaille Ahmed Lahlimi.

9. Un taux d’accroissement de la population massif dans la région Oued Ed-Dahab

La province de Oued Ed-Dahab est la région qui connait le plus fort taux d’accroissement annuel moyen de la population entre 2004 et 2014. Chiffré à plus de 3,7%, ce dernier se base sur une augmentation de la population de 99 367 habitants à 142 955 en dix ans. 888 étrangers résident dans cette région, qui abrite 29 385 ménages.

10. Le Grand Casablanca concentre 20% de la population

La région du Grand Casablanca-Settat détient toujours la suprématie en matière de nombre d’habitants. 6,8 millions de la population du Maroc y est installée, ce qui constitue 20,3% de la population totale du pays. En deuxième position vient la région Rabat-Salé-Kénitra avec 4,5 millions de citoyens, puis Marrakech-Safi qui comptabilise un nombre similaire d’habitants. Ces trois régions sont aussi les mêmes où les étrangers s’installent le plus, dans le même ordre.

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