Pourquoi Alliances a chuté en bourse?

Le cours du groupe Alliances a perdu plus de 9 % en deux séances consécutives. Comment l’expliquer ?

Par

Crédit : DR.

Les spéculations vont bon train dans le petit monde de la bourse de Casablanca. Certains commentateurs s’alarment de la chute du cours du groupe Alliances. Il a perdu six points le 19 décembre, encore six points le 22 décembre et près de 4 points le 23 décembre : 10 % en trois jours donc, sur un volume de 335 millions de dirhams. Le cours se trouve actuellement à 280 dirhams, il a baissé de presque 43 % en un an.

Cette tendance est d’autant plus surprenante qu’Alliances vient de décrocher un contrat de 3,2 milliards de dirhams au Cameroun, pour la construction de logements sociaux et de bâtiments hospitaliers. D’ailleurs, Farid Mezouar, ancien analyste directeur du site flm.ma, ne voit pas « vraiment d’explication factuelle » à cette chute du cours, tout en ajoutant que les fins d’années sont généralement synonymes de changements brutaux. Un autre analyste, contacté par Telquel.ma, trouve cette chute « plutôt anormale et assez surprenante ».

graph alliances

Une filiale en cessation de paiement ?

Mais n’y a-t-il pas au moins des indices pour expliquer cette tendance ? Un autre analyste du marché nous fait part d’une rumeur selon laquelle EMT, filiale de travaux publics de la société, serait en cessation de paiement. A noter qu’une autre source, pourtant extérieure au monde de la bourse, nous parle elle d’une mauvaise situation financière d’EMT bâtiment, une autre filiale du groupe Alliances. Le groupe n’a pas souhaité répondre à nos demandes d’éclaircissement.

Un gros volume est sorti d’un coup le 19 décembre (300 millions de dirhams), ce qui pousse Farid Mezouar a imaginé que c’est peut-être un gros porteur qui s’est retiré et que par effet de contagion, les plus petits actionnaires ont vendu des actions la séance suivante. « La rumeur enfle tellement rapidement qu’il y certainement eu un mimétisme hier et aujourd’hui », nous explique-t-il.

Un gros actionnaire mieux informé que les autres de la situation financière du groupe ? C’est ce que semblent penser certains commentateurs de la bourse, à lire les remarques publiées sur Twitter.

Tout le secteur de l’immobilier en mauvaise posture

Mais surtout, c’est tout le secteur de l’immobilier qui va mal. « Le secteur, du fait de la conjoncture, ne se porte pas bien et cela se ressent forcément à la bourse », explique un analyste financier. Aussi, l’introduction en bourse de Dar Saada a été très mitigée. 92 % des personnes physiques ont trouvé satisfaction, un taux extrêmement élevé (plus le pourcentage est bas plus cela signifie qu’il y avait de demande). « Cela a pu effrayer ceux qui ont dans l’immobilier », analyse Farid Mezouar. Le retrait de la bourse de la CGI et la publication de son « profit warning » il y a quelques jours a peut-être aussi alimenté cette peur.

Pour le moment, Alliances n’a pas publié de communiqué officiel. Certains acteurs de la bourse s’en inquiètent mais ce silence a tout de ce qui est le plus normal, commentent d’autres experts. Interrogé sur les réseaux sociaux sur un éventuel défaut de paiement de ses salariés et une supposée baisse de sa note par les banques, le groupe a répondu en réfutant ces informations. A noter que le 24 décembre, le cours n’a perdu que 0,04 %.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer