Privés de CAN, les Lions de l'Atlas se consolent face au Bénin

Un hymne scandé à pleins poumons. Un but, puis deux... puis six ! Privés de CAN 2015, l'équipe nationale et ses supporteurs ont évacué − un peu − leur déception, le temps d'un match amical face au Bénin jeudi 13 novembre à Agadir.

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Moroccan supporters hold a sign and gesture during the friendly match between Morocco and Benin in Agadir on November 13 , 2014.
Les supporteurs marocains, entre déception et affirmation d'orgueil national. Crédit : AFP

Noureddine Amrabat a ouvert la marque pour les Lions de l’Atlas à la 7e minute avant qu’Abderazzak Hamdadellah ne marque le deuxième but à la 21e minute. Quatre minutes plus tard, Omar El Kaddouri a inscrit une 3e réalisation, avant que les Béninois ne réussissent à réduire la marque par l’intermédiaire de Rudy Gestede (45e). Les Lions de l’Atlas vont ensuite inscrire trois autres buts par Ayoub Khaliqi (73e), Hamadellah (81e) et Marouane Chamakh (90e+1).

A deux mois du coup d’envoi, la Confédération africaine de football (CAF) a retiré mardi l’organisation de la principale compétition sportive du continent au royaume, qui réclamait coûte que coûte son report en raison de l’épidémie d’Ebola. Elle a en outre disqualifié les Lions de l’Atlas, qualifiés d’office au titre du pays hôte.

Marouane Chamakh et Johnson Reda. Crédit:  AFP/ FADEL SENNA
Marouane Chamakh et Johnson Reda. Crédit: AFP

De match de préparation à un grand tournoi international, le Maroc-Bénin de jeudi soir est devenu simple rencontre amicale, à l’atmosphère embrumée, au propre comme au figuré. « Drapeau maghribi ! Drapeau maghribi ! » : devant le majestueux « Grand stade » d’Agadir, Hassan s’époumone dans l’espoir d’un maigre profit, sans doute loin des rêves d’une CAN florissante. « On est quand même un peu déçu. Je ne ressens pas cet engouement », grimace-t-il.

Perchée sur les hauteurs de la principale station balnéaire du sud marocain, l’enceinte de 45 000 places, inaugurée l’an dernier par le Bayern Munich lors du Mondial des clubs, a en grande partie été construite dans l’optique de cette prestigieuse compétition, la deuxième que devait accueillir le royaume, du 17 janvier au 8 février.

« Vive le Maroc sans Ebola »

« C’est dommage, on a de très bons joueurs dans cette équipe, comme (Adil) Taarabt et (Mehdi) Benatia. Mais ils ne seront pas en mesure de disputer la CAN avec nous », se lamente Adil, 28 ans, un billet à revendre à la main. « On est déçu car on est un peuple qui aime le foot. Là, ils vont sans doute aussi priver nos clubs de Coupes d’Afrique », renchérit Mohamed, en allusion au risque d’autres sanctions de la CAF.

A l’image du sélectionneur-adjoint et ancienne gloire nationale, Mustapha Hadji, cette déception n’empêche toutefois pas les supporteurs de se montrer solidaires de la décision des autorités marocaines. « S’il y avait un vrai danger pour notre santé, ça se comprend, et on est quand même là en famille pour encourager notre équipe », assure Hicham, entouré de ses deux fillettes, Islam et Imane. « Pour la CAN, on espère qu’il y aura une prochaine fois…», poursuit ce chauffeur de taxi de 38 ans.

Dans ces conditions, la CAF est la cible de tous les griefs. « Vive le Maroc sans Ebola », dit une banderole. « Ebola: 5 000, CAF: 0 », assène une pancarte, dans une référence au nombre de décès engendrés par le virus.

Abdelaziz, autre vendeur de drapeaux, est aussi « au côté des autorités ». « Dieu soit loué, nous n’avons pas cette épidémie ! Et les gens viennent malgré tout au match. L’injustice de la CAF motive même certains pour encourager notre équipe encore plus », clame-t-il.

« On a eu le moral à zéro »

Dans le stade, l’hymne national réchauffe l’ambiance et, sur le terrain, loin de paraître dépités, les Lions assurent le spectacle (6-1), sous les vivats des 15 000 spectateurs.

« On a eu le moral à zéro. Mais on a montré que l’équipe avait du caractère et qu’elle avait largement sa place à la CAN », estime, après la rencontre, le défenseur Marouane Da Costa. « Les joueurs, on est les premières victimes et c’était un peu dur mentalement. Mais on s’est efforcé de faire abstraction », enchaîne l’attaquant Marouane Chamakh.

Lahcen Etalal, un étudiant 20 ans, veut quant à lui voir plus loin. « Ça n’était pas un match important, c’est vrai, mais ça reste primordial pour préparer le futur » , avance-t-il.

Le sélection marocaine a désormais tout le temps devant elle. En commençant par un autre « match de préparation » transformé en rencontre amicale, dimanche contre le Zimbabwe. Toujours à Agadir.

Guillaume KLEIN/AFP

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