Les rencontres métissées de Jazz au Chellah

Lieu de rencontre des amateurs de jazz et des musiques du monde, le Festival Jazz au Chellah a réussi à s'imposer dans le paysage culturel de la capitale. Pour cette 19e édition, on reprend la même recette pour un rendu à chaque fois différent.

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Le trio hollandais De Jonges Driest à l'ouverture du festival Jazz au Chellah.
Le trio hollandais De Jonges Driest à l'ouverture du festival Jazz au Chellah. Crédit : Yassine Toumi.

Le 17 septembre a eu lieu l’inauguration de la 19e édition de Jazz au Chellah avec un spectacle en trois parties totalement différentes mais cohérentes. Du jazz comme ingrédient principal, qui s’aventure sur des terrains méconnus allant de l’Orient à l’Occident, en passant par le Maroc, lieu de rencontre de ces sonorités a priori hétérogènes.

Joyeux jazzman

Pour l’ouverture, une surprise. De Jonges Driest est certainement le trio le plus déluré du jazz. Exit la musique qui nous berce pour constituer un fond musical de soirée. Nos trois musiciens font des blagues sur scène, se moquent les uns des autres et mixent des musiques aussi originales qu’improbables. « Je m’attendais à voir 40 personnes, c’est un concert de jazz après tout ! », ironise Joop Vab der Linder, au trombone. Avec leurs instruments, les Jonges Driest nous emmènent dans un bar mexicain avant de nous parachuter sans préavis dans une course-poursuite tirée d’un film polonais des années 1950. C’est que la musique du groupe est très visuelle, complètement cinématographique. Ils racontent une histoire grâce à des rythmes qui nous submergent dans des ambiances que l’on finit par palper. Si l’essentiel de leurs compositions restent fortement empreintes des traditions du jazz, ils n’hésitent pas à se rebeller. Ce trio venu des Pays-Bas cultive une touche joyeuse et se refuse à se contenter de perpétuer un savoir-faire figé.

Le magicien des rencontres

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Majid Bekkas a assuré la deuxième partie du concert d’ouverture du festival Jazz au Chellah. Crédit : Yassine Toumi.

Changement d’artiste, changement d’univers. Majid Bekkas arrive sitôt que le trio tire sa révérence pour nous présenter un concert en deux parties. La première, dédiée à Al Qantara, son dernier opus, nous invite à un voyage dans des contrées orientales. Muni de son bouzouki, instrument grec, le gnawi converti au jazz nous propose des escales improbables, avec des sons venus d’Inde. C’est que Majid Bekkas a beaucoup voyagé, et on le ressent fortement dans sa musique. Accompagné de son Afro-Oriental Jazz Trio, il invite Joe Kaïat sur scène, son ami pianiste qui donne à la musique un caractère subtilement lyrique.

S’en suivra une rencontre avec l’Afro Gnawa Jazz Quartet, où Majid Bekkas revient à ses standards gnawi. En somme, l’ouverture de la 19e édition du Jazz au Chellah affirme ses engagements de la première heure. « Promouvoir la rencontre », sublimer le contraste et instaurer une qantara (passerelle) culturelle entre Orient et Occident.

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