U2 invente l'album-spam avec «Songs of Innocence»

Attendue de pied ferme, la keynote d’Apple était l’occasion de présenter le nouvel iPhone 6, mais aussi… d'inviter Bono à dévoiler le dernier album de U2.

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Tim Cook (Apple) et Bono, leader de U2
Tim Cook, PDG d'Apple, et Bono, leader de U2. Crédit : AFP

La pochette de Songs of Innocence, le dernier disque de U2.C’est l’une des plus grandes opérations marketing de l’industrie musicale en 2014. Si Beyoncé avait publié son disque sans préavis sur iTunes fin 2013, la bande de Bono fait encore mieux : elle l’offre gracieusement à tous les utilisateurs d’iTunes, soit plus de 500 millions d’auditeurs potentiels.

Coup de théâtre, le chanteur irlandais a même rejoint Tim Cook, le PDG d’Apple, sur la scène de la keynote à Cupertino, en Californie, pour cliquer sur le bouton qui publierait immédiatement Songs of Innocence sur la bibliothèque iTunes. « Depuis nos débuts, nous avons toujours voulu que notre musique touche le plus de monde possible », a souligné le leader de U2, en évoquant la publication gratuite du disque.

Marketing agressif

L’opération marketing, qui a coûté 100 millions de dollars à la firme à la pomme, selon le New York Times, a largement été décriée par les médias et les réseaux sociaux. Comparé à un véritable spam, le fait d’imposer ce disque à tous les utilisateurs des produits Apple est un coup commercial d’une agressivité sans précédent.

Les détenteurs d’iPhones et d’iPads ont découvert par surprise l’album téléchargé sur leurs appareils sans être avertis au préalable d’un quelconque téléchargement. Un disque qu’il n’est pas possible de supprimer totalement de la bibliothèque, assure un journaliste de Techcrunch, « il est uniquement possible de les cacher, il est impossible de les supprimer totalement de son espace iCloud ».

Déception musicale

Mais au-delà de l’opération marketing, que vaut vraiment ce disque ? Décrit comme un « disque autobiographique symbolisant un véritable retour aux débuts rock du groupe », Songs of Innocence est, au mieux un disque moyen de pop, au pire, une caricature folklorique de tout ce que le groupe a pu faire auparavant. Le disque joue mal la carte de l’émotion et de la nostalgie, notamment en donnant à l’une des chansons de l’album le nom de sa mère, Iris, et à attribuer à une autre piste l’appellation de la rue où il a grandi.

Les chansons de l’innocence de U2 prennent fin sur The Troubles, une chanson agrémentée de chœurs « miaulants » concoctés par Lykke Li. Une dernière piste qui nous confirme une dernière fois (pour être sûr) que si un jour, on se rappelle de cet album, ce sera pour l’opération marketing qui l’a accompagné et non pour sa qualité.

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