Tout ce qu'il faut savoir sur le recensement 2014

Le sixième recensement général de l’habitat et de la population (RGHP) aura lieu du premier au 20 septembre.

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Le siège du HCP à Rabat. Crédit: DR

A partir du 1er septembre et pendant vingt jours, 71 000 agents recenseurs sillonneront le royaume et s’inviteront chez les habitants leurs soumettant un questionnaire détaillé sur les ménages. Le point sur une opération de grande ampleur, qui permet d’obtenir les données socio-démographiques les plus fines possibles sur la population du pays.

Que mesure le recensement ?

Le recensement est une photographie à l’instant T de la situation démographique, économique et sociale d’un pays. Le Maroc a connu depuis 1960 cinq recensements, la population marocaine étant passée de 11 626 232 habitants en 1960 à 29 891 708 habitants en 2004.

Le recensement mesure la population légale, c’est-à-dire l’ensemble des personnes résidant au Maroc au moment du recensement, quelle que soit leur situation. Cela inclut donc évidemment les sans-abris, mais également les populations résidant de manière irrégulière au Maroc. Les Marocains résidents à l’étranger ne sont pas inclus dans le recensement, puisque celui-ci vise les personnes résidant ou de passage au Maroc.

Les questions portent tant sur la démographie, la mortalité infantile, l’éducation, le lieu et le type d’activité professionnelle, ou encore les conditions d’utilisation et d’occupation du logement. A noter l’introduction du tifinagh comme langue écrite par les interrogés, alors qu’elle n’existait qu’à titre oral lors du recensement de 2004.

Qui recense la population ?

Le recensement de la population est géré par le HCP, qui a formé et déployé 76 430 agents pour cette opération. Il réalise le recensement en collaboration avec le ministère de l’Intérieur, qui est chargé des aspects logistiques de l’opération, tandis que la méthodologie et le traitement statistique sont du ressort de HCP.

Combien coûte le recensement ?

Le recensement de la population est une opération dont la préparation, l’exécution, et le traitement nécessitent des moyens humains et financiers considérables. Le préalable nécessaire à l’exécution du recensement est l’opération de cartographie qui le précède, et qui s’est déroulée entre juillet 2012 et décembre 2013. Son coût a été estimé par le HCP a 143,3 millions de dirhams.

La phase d’exécution en elle-même coûtera 705,4 millions de dirhams, tandis que l’exploitation statistique des données du recensement aura un coût de 45,7 millions de dirhams, soit un coût total de 894 millions de dirhams. A titre de comparaison, l’édition précédente avait occasionné un coût de 507 millions de dirhams. L’ensemble des frais engagés par le HCP dans cette opération sont disponibles sur le site dédié.

A quoi servent les données collectées ?

Le recensement permet d’établir quatre types de statistiques : démographiques, sociales, économiques, et sur les conditions d’habitation. Les résultats détaillés du recensement de 2004 sont par exemple disponibles sur le site du HCP.

En fournissant des données exhaustives – qualitatives et quantitatives – sur la population marocaine, le recensement doit être un outil de base permettant la conception de politiques publiques inclusives, basées sur une connaissance parfaite des données socio-économiques qui caractérisent la population marocaine.

Les données livrées par le recensement permettent d’apporter de nouveaux facteurs à prendre en compte lors de l’élaboration des politiques publiques en fournissant des données fiables et chiffrées sur les besoins et les caractéristiques d’une localité en particulier.

Qu’adviendra-t-il de nos données personnelles ?

Les agents de recensement sont astreints au secret professionnel en vertu des dispositions de l’article 2 de la loi 001-71, sous peine des sanctions prévues par le Code pénal.

Les données personnelles recueillies lors du recensement sont, en théorie, strictement confidentielles, et ne peuvent en aucun cas être communiquées à des tiers. Aucune poursuite judiciaire ou contrôle fiscal, par exemple, ne pourront mettre à profit les informations figurant sur les questionnaires.

Nos chiffres sont-ils fiables ?

Il existe plusieurs méthodes pour recenser la population d’un pays. Le première, celle utilisée par le Maroc, est celle du recensement classique, qui consiste à comptabiliser et compiler les informations obtenues sur l’intégralité du territoire par les enquêteurs. Il s’agit d’une méthode statistique fiable, mais exigeante en termes de moyens et de traitement des données.

Pour minimiser le risque d’erreurs lors du traitement des données, celles-ci sont traitées de manière automatisée par reconnaissance optique, afin d’éviter les erreurs et les doublons lors du report des données obtenues.

D’autres pays, disposant d’ores et déjà d’une documentation solide sur leurs citoyens, effectuent leur recensement par compilation des données présentes sur les divers registres administratifs dont dispose l’État. Enfin, certains pays procèdent par sondages, qu’ils extrapolent sur l’ensemble de la population.

Une recensement qui fait déjà polémique

La question de l’amazigh fait d’ores et déjà polémique au sein des organisations concernées. L’Assemblée mondiale amazigh (AMA) demande purement et simplement le boycott du recensement et le limogeage d’Ahmed Lahlimi, qu’ils estiment mû par des considérations d’abord idéologiques.

En cause, la formulation des questions liées aux langues d’usage chez les Marocains. Selon le communiqué de l’AMA, le HCP se contente de demander aux participants d’énumérer les langues qu’ils utilisent, en contradiction avec les recommandations de l’ONU en matière de recensements.

Celle-ci préconise en effet de demander dans l’ordre la langue maternelle, la langue d’usage courant, et les langues étrangères. Le département de Lahlimi est ainsi clairement accusé d’utiliser les chiffres ainsi récoltés pour minimiser le nombre de locuteurs amazighs de naissance, et « en faire une minorité ».

Par ailleurs, la question de savoir si la personne interrogée maîtrise le tifinagh pose également problème à l’AMA, qui estime que la diffusion de cet alphabet étant très incomplète, il ne servira qu’à minimiser encore le nombre de locuteurs « officiels ».

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