Reportage: Pas de rentrée scolaire à Gaza

En guise de rentrée  des classes, des enfants de Gaza se sont alignés ce dimanche 24 août dans leurs écoles où ce qu'il en reste et ont entonné l'hymne palestinien. Mais le cœur n'y était  pas, pas plus que les cahiers ni les crayons car, à cause de la guerre, la  rentrée attendra.

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En guise de rentrée des classes, des enfants de Gaza se sont alignés dimanche dans leurs écoles où ce qu'il en reste et ont entonné l'hymne palestinien. Mais le coeur n'y était pas, pas plus que les cahiers ni les crayons car, à cause de la guerre, la rentrée attendra.
Des enfants de Gaza entonnent l'hymne palestinien dans une école de l'ONU.

Le seul appel de cette rentrée était celui des morts. Les enfants de Gaza  ont récité la Fatiha, la première sourate du Coran, pour honorer la mémoire des  plus 2 100 Palestiniens tués depuis le début de l’offensive israélienne, le 8  juillet.  Dans cette école de l’ONU située dans le camp de réfugiés de Chati, les enfants ont ensuite rejoint leur salles de classes, qui leur tient lieu de refuge, jour et nuit, parfois depuis des semaines.

Plus de 500 000 enfants privés de rentrée des classes

Les écoles gérées à l’année par l’ONU abritent désormais dans des  conditions très précaires près de 300 000 réfugiés qui ont fui les combats ou  perdu leurs maisons dans un bombardement. La moitié d’entre eux sont des  enfants.«Je ne veux pas vivre dans une école, je veux y apprendre et ensuite  rentrer chez moi», explique Amin al-Kilani, un garçon de 11 ans, dont la  famille a quitté sa maison de Beit Hanoun (dans le nord de la bande de Gaza),  un secteur pilonné en juillet. Près d’un demi-million d’enfants de Gaza seront comme lui privés de rentrée  des classes cette année, selon l’UNICEF, le fond des Nations unies pour  l’enfance. «L’école ne reprendra pas dans l’enclave palestinienne touchée par le  conflit, privant environ 500.000 enfants de leur droit à l’éducation», a  déploré l’UNICEF dans un communiqué.

Les écoles transformées en abri pour réfugiés

Sous le regard attendri des parents n’hésitant pas à dégainer leur  smartphone pour filmer, une petite fille habillée de sa plus belle robe récite  un poème avant de céder la place à un petit garçon qui entame lui une chanson  en arabe popularisée par la star de Gaza, Mohammed Assaf, le gagnant du  télé-crochet « Arab Idol ». Mais les applaudissements sont timides, et le spectacle n’a rien de joyeux,  tant la déception des enfants de ne pas reprendre l’école, est grande. «J’avais tellement hâte que l’école reprenne pour pouvoir préparer mon  tawjihi», le baccalauréat palestinien, confie Wojoud Zayeda, une adolescente de  17 ans. «Cette année est différente des autres. Une de mes amies a été blessée par  une frappe près de sa maison. J’en ai marre, je veux juste reprendre mes  études», poursuit la jeune fille.Une mère de famille de 48 ans, Hanan Matar, a trouvé refuge dans cette  école de l’ONU avec ses neuf enfants.«Ils sont privés de tout, même de leur droit d’apprendre», soupire Hanan  Matar. Dans les salles de classes, chaque famille tente de se bricoler un coin  d’intimité, avec des matelas et des tissus tendus de part et d’autre. On y  cuisine, on y dort, on s’y lave, mais dans ces classes on n’étudie plus.

Plus de 480 enfants tués

«L’école est un besoin vital pour ces enfants traumatisés, un élément clé  de leur guérison», ont déclaré dans un communiqué commun l’UNICEF, l’UNESCO et  l’organisation pour la protection de l’enfance Save the Children. Un quart des quelques 1.8 million de Palestiniens de Gaza n’ont plus de  toit à cause de la guerre. Plus de 480 enfants ont été tués au cours de la guerre, disent les  humanitaires. Au moins 219 écoles ont été endommagées, certaines si durement qu’elles ne  sont plus utilisables, disent-ils, alors même qu’avant la guerre il manquait  déjà 200 écoles dans un territoire surpeuplé et très jeune. «En cette journée, les enfants devraient être à l’école pour apprendre, et  non essayer de survivre», disent David et Paulette Hassell, responsables de  Save The Children.

L’école devra attendre pour reprendre au moins deux ou trois semaines après  l’instauration d’un cessez-le-feu durable, estiment les humanitaires. Or cette  perspective paraît pour le moment bien lointaine.

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