Christophe Pillet : "Les matériaux sont des éléments pour raconter mes histoires"

Photo : DR

Designer, architecte d’intérieur et scénographe, Christophe Pillet multiplie les projets au Maroc. Après l’aménagement de l’hôtel Sahrai récemment inauguré à Fès, celui qui a fait ses débuts avec Philippe Starck vient de signer Memoria, une collection de mobilier et d’accessoires pour la marque de sanitaires Vitra. Interview.

Comment définiriez-vous votre style en trois mots ?

Sincèrement, je ne suis sûr pas d’en avoir une quelconque idée et cela ne me tourmente pas.

Quelle est votre conception d’un designer en 2014 ?

Un designer est évidemment quelqu’un qui conçoit et dessine des objets, mais au-delà, objet après objet, il partage sa vision singulière de l’art de vivre.

Hier, vous utilisiez l’image des marques pour vous faire connaître, aujourd’hui, ce sont plutôt les marques qui utilisent votre image ; cela vous flatte-t-il ?

Il est effectivement gratifiant de voir les marques avec lesquelles on collabore vous considérer comme une valeur ajoutée.

VITRAA

Quels sont vos matériaux de prédilection ? 

J’utilise les matériaux comme des éléments de vocabulaire pour raconter mes histoires. Je n’ai donc pas de matériaux de prédilection, je cherche juste à utiliser ce que j’ai de manière adéquate.

Quel est l’objet que vous avez créé dont vous êtes le plus fier ?

Même si j’ai du mal à éprouver de la fierté pour les objets que j’ai conçus, ceux qui me satisfont le plus sont ceux qui semblent échapper au temps, par exemple, le Agatha Dream pour Ceccotti ou le South Beach pour Tacchini.

Quel est l’objet que vous auriez aimé inventer ?

La Lotus Esprit S1 (une voiture de sport deux places créée dans les années 70, ndlr).

Vous qui avez beaucoup travaillé au Maroc, pensez-vous que l’on puisse parler de « design marocain » à proprement parler ?

L’artisanat marocain s’exprime sur une partition traditionnelle. Il appartient aux designers marocains de faire évoluer ces savoir-faire dans des langages et des secteurs économiques plus actuels et quotidiens.

Memoria2

Que pensez-vous de l’artisanat marocain ? Qu’a-t-il apporté à votre imaginaire créatif ?

L’artisanat traditionnel marocain est une grande partie de l’expression de la culture marocaine. Il est à la fois tentant d’utiliser cette force expressive mais en même temps délicat, pour moi en tant que Français et ignorant, de l’utiliser sans dénaturer son essence.

Quel est le motif marocain-oriental qui vous parle le plus ?

Ce qui me touche le plus dans l’expression des motifs est le rapprochement entre le brut et le délicat, la terre et la lumière, la calligraphie et la pierre.

Cosmétiques, hôtellerie, restauration, sanitaire… vous êtes un designer multidisciplinaire. Comment abordez-vous des secteurs si différents les uns des autres ?

Je pense que si je ne dessinais que des chaises empilables tous les jours, ce métier m’ennuierait. C’est justement parce que l’on me demande des choses différentes, curieuses, contrastées que j’y trouve de l’intérêt et l’envie de m’y confronter.

Quel produit n’accepteriez-vous pas ?

J’ai une vision positive de ma pratique et de ses conséquences : rendre la vie meilleure, plus pratique, etc. J’ai donc du mal avec les idées négatives : détruire, casser, dominer. Voilà ce qui peut définir une frontière dans mes choix.

Vous signez aujourd’hui une collection pour la marque de sanitaires du géant turc Vitra. Comment la décririez-vous ?

Cette collection trouve son caractère dans une grande simplicité expressive, une grande technicité dans sa réalisation et une grande durabilité − je l’espère −  dans son style.

A qui pensez-vous que cette ligne soit destinée ?

J’essaye de m’adresser au plus grand nombre, c’est le propre même de la simplicité stylistique qui rend cette collection lisible et compréhensible par chacun.

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