Aboubakr Harakat, sexologue : «Les lois influencent 
la sexualité»

Photo : DR

Smyet bak ?

Bennacer.

Smyet mok ?

Oum Kalthoum Khatib.

Nimirou d’la carte ?

Vous devez l’avoir, je m’étais plié à l’exercice il y a plusieurs années.

Quels sont les problèmes récurrents pour lesquels on vient vous consulter ?

J’imagine que vous voulez parler de problèmes liés à la sexualité, c’est plus attirant et accrocheur. Mais n’oubliez pas que je travaille, disons, sur les étages inférieurs et supérieurs.

Parlons de l’étage inférieur alors…

Je vois de tout, mais chez l’homme, depuis quelques années, le premier souci est l’éjaculation précoce. Chez la femme, ce serait, dans mon cabinet toujours, le vaginisme. De plus en plus de personnes viennent aussi me voir pour me parler de leur homosexualité, ou de l’attirance de leurs enfants pour le même sexe. Il faut parfois juste leur rappeler que ce n’est pas une maladie.

Certaines lois peuvent-elles avoir un impact sur nos vies sexuelles ?

Bien sûr. Les lois et le regard social. Quand un couple non marié s’en va dans la chambre à coucher en ne pensant qu’aux flics ou aux voisins, ça ne peut pas aller sans quelques soucis… La vie amoureuse, sentimentale et sexuelle commence par une balade bras dessus, bras dessous, le long de la Corniche à Aïn Diab. Et rien que faire ça, c’est s’exposer aux regards inquisiteurs, à la police…

Vous ne pensez pas que l’hédonisme est aussi oppressant que le puritanisme en matière de sexe ?

Si, il y a sûrement un danger derrière un impératif, fût-il de jouissance. Ce qui est certain, c’est que la quête de plaisir fait partie de la nature de l’homme, pas l’ascétisme. De toute manière, la société marocaine est encore loin de l’hédonisme, qui n’existe que lorsque la société entre dans une phase d’opulence. Ici, on commence seulement à parler de plaisir partagé dans le couple.

Vous êtes plutôt Freud ou Lacan ?

A l’époque des mes études, les Lacaniens dominaient et j’ai eu un long flirt avec sa pensée et ses méthodes, mais je me suis permis des incursions ailleurs. Depuis les années 1980, je suis cognitivo-comportementaliste.

C’est-à-dire ? 

Je travaille au niveau des idées, du comportement et moins au niveau de l’inconscient. La psychanalyse se fait sur le temps long alors que la thérapie permet de faire face à une situation plus directement.

Avec les années, vous êtes devenu le meilleur coup de Casablanca ?

Le fait de travailler sur la sexualité ne fait pas d’un thérapeute un technicien du sexe, ni forcément un bon amant. Mais mes études et mon savoir m’ont permis de travailler sur moi-même, mon corps et mon érotisme.

Votre conseil pour une sexualité épanouie ?

Prenez le temps de vous écouter, aussi bien sur le plan physique que psychologique. Et quand vous êtes à deux, écoutez l’autre tout pareillement.

Antécédents

1956 : Naissance à Casablanca

1973 : Obtient son baccalauréat et part étudier en France

1987 : Rentre au Maroc pour travailler dans une polyclinique de la CNSS

1991 : Ouvre son cabinet de psychologue clinicien, psychothérapeute et sexologue

2008 : Anime une émission en direct sur Atlantic Radio

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