Aydoun : « La commission a octroyé 600 000 dhs à un projet et non à Don Bigg »

La publication de la liste des artistes bénéficiaires de subventions publiques a propulsé le ministère de la Culture sous le feu des critiques. Ahmed Aydoun, président de la commission des subventions, s’explique.

Le ministère de la Culture a accordé des subventions à des projets musicaux et chorégraphiques. La publication de la liste des bénéficiaires, le 22 mai, a suscité la polémique. En cause, le caractère jugé « inégalitaire » de l’octroi des subventions. Parmi les artistes montrés du doigt, le rappeur Don Bigg, qui a touché à lui seul 600 000 dirhams. La liste des subventions a été établie suite à un appel à projets initié par le ministère, après délibération d’un jury. Ahmed Aydoun, président de la commission des subventions défend l’initiative.

Pourquoi Don Bigg a-t-il décroché, à lui seul, 600.000 dhs de subventions ?

D’abord, la commission n’a pas octroyé cette somme à Don Bigg, mais à un projet artistique, présenté par Don Bigg et où aucune production de cet artiste n’est mise en avant. C’est un projet destiné à promouvoir les jeunes artistes de la nouvelle scène (traitement des projets, coaching, résidences, enregistrements, production, promotion et diffusion). C’est la raison pour laquelle cette somme a été répartie sur trois volets (production, diffusion et résidence). Elle correspond à moins de 50% du budget défendu dans le dossier.

Ne pensez-vous pas qu’il aurait été plus équitable de soutenir des artistes qui ont du mal à décoller, plutôt que d’autres qui disposent de moyens financiers assez conséquents ?

Le projet porté par Don Bigg, concerne la promotion des jeunes artistes qui ont justement du mal à décoller. Je pense que l’artiste, conscient du challenge, est déterminé à avoir de l’efficience. Ensuite, dans ce que la commission a octroyé comme subventions, la plupart des bénéficiaires n’ont pas les moyens de mener à bien leurs projets. Je citerai quelques exemples : le collectif Akabar de Mohamedia, Morrocan Electronic Music, Tifyour, le collectif des musiciens hassanis, le groupe de Oubella, la cité des arts… le projet visa for the music, promu par la société Anya et Brahim El Mezned, vise, entre autre, à présenter les artistes marocains à des producteurs et des directeurs de grands festivals internationaux.

Il y a peut être quelque chose à harmoniser, entre le souci du professionnalisme et la subvention coup de pouce. L’essentiel est de voir dans quelle mesure, ce que nous prenons au contribuable lui soit rendu en terme de production artistique.

Quels étaient les critères de sélection des candidats ?

La commission a tenu d’abord à représenter la diversité musicale du Maroc. Des projets concernant la chanson classique, la nouvelle scène, la musique hassanie et la musique amazighe ont été retenus. Le deuxième critère était l’originalité et/ou la qualité technique et artistique de l’œuvre, puis en troisième lieu l’impact de la production sur la région ou bien sur les musiciens marocains. Les projets qui ne présentent pas assez de garantie dans ce sens ont été écartés.

Y-avait-il beaucoup de concurrence entre les projets, pour l’obtention des subventions ?

Etant donné qu’on ne pouvait pas épuiser tout le budget dans une seule session, il y avait forcément un arbitrage à faire entre les projets présentés. Ce qui a amené la commission, par exemple, à décider le report pour la deuxième session de quatre projets. Malgré leur qualité artistique, ils doivent être revus pour concorder avec les exigences de clarté et d’évaluation budgétaire.

Pour quelles raisons l’appel à projets a-t-il été prolongé ?

Je n’ai pas d’information précise, mais je suppose qu’objectivement le temps manquait aux porteurs de projets pour présenter leurs dossiers et satisfaire aux conditions réglementaires. Je crois, que le nombre de dossiers va être largement supérieur à celui de la première session, et nous avons tous intérêt à ce que les projets soient encore plus intéressants et mieux présentés.

Retrouvez dans votre magazine TelQuel dès vendredi 30 mai le fait de la semaine consacré à cette polémique et donnant la parole aux concernés. [/encadre]
 

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