Festival. Mogador, ville classique

Essaouira a reçu du 14 au 27 avril son 14e Printemps musical des Alizés, qui met à l’honneur la musique de chambre.  

« Veuillez, s’il vous plaît, rallumer vos portables en quittant la salle. » Fin rappel à l’ordre à l’endroit de celles et ceux qui avaient tendance à oublier l’ambiance feutrée dans laquelle ils s’apprêtaient à évoluer, le temps d’une séance. Le mot « séance » prend ici son sens le plus salvateur, tant le public était convié à une sorte de thérapie par l’art. Le Printemps des Alizés a offert, quatre jours durant, des moments intenses à travers une douzaine de concerts reprenant des œuvres emblématiques du large répertoire de ce qu’on appelle la musique savante. L’assistance, mêlant avisés et profanes, a pu suivre des sets majeurs dans des espèces de huis clos, le public ne se manifestant qu’entre les débats intimistes des musiciens. Choix délibéré ou pure coïncidence, la soirée d’ouverture a célébré dans ses deux tiers, et en filigrane, la femme. Le trio composé de Claire Désert (piano), Patrice Fontanarosa (violon) et Yovan Marcovitch (violoncelle) a exécuté deux pièces composées à cœur battant. La première, Trio n°39 en Sol Majeur Hob XV.25, a été créée en 1795 par Joseph Hayden pour une amie pianiste du nom de Rebecca Shroeter. La seconde, Trio Opus 70 n° 1, appelée également « Les Esprits », est sortie des tripes de Ludwig Van Beethoven en 1808, en hommage appuyé à sa confidente la Comtesse Maria Von Eddy. Mais le festival a singulièrement élargi les rapports humains en proposant des concerts en famille et d’autres mettant « aux prises » le maître et le disciple. Des moments où les allers-retours se faisaient fluides, les conversations se transformaient en communions. Avec des solistes marocains et étrangers qui ont charmé les plus grands rendez-vous de musique classique de par le monde et la participation de l’Orchestre Philharmonique du Maroc, le Printemps des Alizés a offert une charmeuse 14e édition qui n’a pas oublié les jeunes talents. Et c’est ainsi que, d’année en année, ce festival agrandit sa chambre.  

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer