La Grande Bellezza. Voyage au bout de la vie

Mélodrame. Après Il Divo, Paolo Sorrentino revient avec La Grande Bellezza, un hommage à l’univers du grand Fellini.  

A Rome vit Jep Gambardella, un séducteur infatigable qui, du haut de ses soixante-cinq ans, continue d’être de toutes les fêtes de la haute société. Dans ce monde saupoudré d’ennui et d’hypocrisie, Jep, journaliste à succès, est désabusé et rêve parfois d’écrire son deuxième roman pour retrouver les souvenirs de son amour de jeunesse et faire acte de rédemption. Après Il Divo, où il dépeint les malices de la politique italienne, Paolo Sorrentino s’attaque cette fois-ci aux dérives de la bourgeoisie. Sans pour autant verser dans le manichéisme et le misérabilisme, Sorrentino filme des situations dramatiques à la manière du maestro Federico Fellini, avec un humour déconcertant et beaucoup de malice. Autre hommage rendu au cinéaste, les mouvements de travelling incessants qui poussent les émotions des personnages jusqu’au bout et révèlent la beauté des faubourgs et des musées de Rome.

Un air de Dolce Vita

Le parallèle entre les deux cinéastes ne s’arrête pas là. Jep Gambardella, campé magistralement par Toni Servillo, ressemble, à quelques détails près, à Marcello Rubini, interprété par Marcello Mastroianni dans La Dolce Vita. Un journaliste cynique qui a du mal à supporter l’arrogance d’une bourgeoise qui se dit marxiste (Stefania), les incertitudes artistiques et amoureuses d’un metteur en scène de théâtre (Romano) ou encore les problèmes que rencontre une richissime héritière (Viola) avec son fils. Comme La Dolce Vita, le héros de La Grande Bellezza est en quête de spiritualité pour échapper aux dérives du profane qui le pousse à mener une vie errante. A travers cette œuvre, qui a reçu l’Oscar du meilleur du film étranger, Paolo Sorrentino confirme son talent pour mettre en scène l’étape fatidique d’une vie, où l’on se retourne sur son passé pour évaluer son héritage. Comme le rappelle un extrait du Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline au début du film, La Grande Bellezza est plus qu’une œuvre cinématographique, « c’est un voyage qui va de la vie à la mort. Voilà sa force. »   

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