Compétitivité. La recette de Bensalah

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Le patronat a réalisé un diagnostic du tissu économique marocain et établi une feuille de route pour réanimer le secteur industriel. Synthèse.

La Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM) a rendu public un rapport intitulé « les leviers de la compétitivité des entreprises marocaines ». Censé être livré il y a quatre mois, ce rapport tombe à quatre jours des Assises de l’industrie. Les premières de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, durant lesquelles il présentera sa stratégie industrielle 2014-2020.

Face au constat du manque terrible de compétitivité des PME marocaines, Miriem Bensalah, présidente de la CGEM, a mandaté le cabinet Valyans Consulting pour analyser la situation, accompagné de la commission « investissement, émergence industrielle et compétitivité », dirigée par Mohamed Fikrat, PDG de Cosumar. Ce dernier explique que « le travail s’est fait en trois étapes : un état des lieux, le choix d’un benchmark et des recommandations ».

Dans le dernier classement établi par le World Economic Forum, le Maroc perd 7 places et se retrouve au 77e rang sur 148 pays. Même si notre PIB a cru en moyenne annuelle, sur les dix dernières années, de 4,8%, loin des performances souhaitées. Le déséquilibre entre les importations et les exportations entache notre croissance. Les 40 familles de produits qu’on exporte sont à 60% destinés au marché européen. Un marché qui est en perte de vitesse actuellement, une situation alarmante pour l’avenir de nos exportations, en quasi-stagnation depuis plusieurs années. Un autre problème relevé : 41 % de nos importations sont des produits finis d’équipements et de consommation. D’ailleurs, sur le rapport, on apprend qu’à prix égal, un tiers des consommateurs marocains préfèrent un produit étranger.

Des mesures prioritaires

En tout, une centaine de mesures ont été identifiées et, parmi elles, 29 sont jugées prioritaires. « Pour fixer les priorités, on a déterminé deux critères : les mesures doivent être faciles à mettre en œuvre et avoir un fort impact », explique Mohamed Fikrat. Le but escompté de cette étude était d’accélérer le rythme des différents plans sectoriels mis en place. « Et pour cela, nous avons des propositions », annonce Miriem Bensalah. Ainsi, le patronat préconise l’élargissement du champ du Plan Emergence, afin de faire de l’industrie la locomotive de notre croissance, en intégrant de nouvelles filières, telles que les industries métalliques et métallurgiques ou la chimie-parachimie. Le volet fiscal pourrait, selon le patronat, jouer un rôle d’orientation des investissements vers ce secteur.

La commande publique est une manne pour les PME, sauf que celle-ci manque de bonne gouvernance. Les entrepreneurs critiquent l’absence de visibilité dans ce sens, ce qui ne leur permet pas une meilleure planification de leurs finances. L’Etat, mauvais payeur notoire, devrait faire des efforts afin de soulager la trésorerie des entreprises et respecter la loi sur les délais de paiement.

Comme le Maroc s’est davantage ouvert sur l’Afrique, les       « champions nationaux » doivent bénéficier d’encouragements afin qu’ils puissent s’exporter facilement. De nouvelles lignes de fret maritime doivent être mises au service des entrepreneurs, tout en leur simplifiant les procédures. Un travail doit être fait au niveau de la cohérence des droits de douane sur les produits importés.

Les grandes entreprises ont elles aussi une mission, celle de tirer les PME vers le haut en favorisant la sous-traitance. Le financement étant l’un des freins à la compétitivité, les banques sont amenées à ouvrir les vannes du crédit.

Finalement, l’étude précise que le tissu économique national manque d’investissements dans le domaine de la recherche, le développement et l’innovation. En gros, des mesures qui ressemblent aux mesures de la nouvelle stratégie industrielle présentée par Moulay Hafid Elalamy.   

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