Portrait. Ghalia Sebti, la reine du zellige

Par El Mehdi Berrada

La présidente de la Fédération des entreprises de l’artisanat est, depuis 20 ans, à la tête d’une société qui exporte 
la mosaique marocaine à travers le monde.

Habituée aux salons d’art décoratif du monde entier, Ghalia Sebti s’organise pour une nouvelle sortie à l’international. « Nous travaillons actuellement sur la prochaine édition d’Index Dubaï en mai prochain », nous lance-t-elle. Il s’agit d’un des salons les plus importants au monde, regroupant des exposants de plus de 50 pays. Ce sera sans doute l’occasion pour sa société, Aït Manos, de récolter un nouveau prix à l’international. « En 1998, le bijoutier Tiffany nous a décerné un trophée à Coverings en Floride. C’était notre première et la plus marquante de nos distinctions », nous confie-t-elle. Depuis, la société collectionne les distinctions au Maroc comme à l’étranger : la dernière en date est le prix de la «marque de Terroir» décerné par le jury du Morocco Awards 2011.

Le filon de l’Amérique

Littéralement la tribu qui façonne à la main, Aït Manos a été créée en 1994. A l’époque, Ghalia Sebti et son mari, Tawfik Bennani, rentrent des Etats-Unis avec un projet bien réfléchi : exporter de la mosaïque made in Morocco » au pays de l’Oncle Sam. « L’idée était de rendre notre zellige exportable tout en conservant son authenticité, marier le savoir-faire ancestral aux exigences techniques, visuelles et esthétiques du consommateur étranger », nous explique-t-elle. Les ateliers Aït Manos intègrent ainsi tous les processus manuels de fabrication du zellige, à partir d’une glaise provenant de la région de Fès, et donnant aux produits une touche innovatrice. En 1997 d’ailleurs, un brevet est déposé au nom de la société et fait référence au zellige pré-assemblé, prêt à poser en plaques de différentes dimensions, « Aït Manos Thinset Zillij ».

Depuis, l’entreprise ne cesse de se développer. Aujourd’hui, 50 des meilleurs maâlems de la profession s’attèlent à enrichir le catalogue d’Aït Manos, sous la direction artistique de Tawfik Bennani. Ghalia Sebti chapeaute l’aspect commercial et marketing. C’est que la société a des clients dans une vingtaine de pays et brasse 10 millions de dirhams de chiffre d’affaires. Ses produits décorent, entre autres, les murs de l’aéroport de Corisco en Guinée ainsi que des palais des pays du Golfe. Les magasins de carrelages haut de gamme et les cabinets de décoration et de designers internationaux s’arrachent les collections Aït Manos, qui se retrouve de plus en plus sollicitée pour des collections sur mesure. « Nos maâlems procurent un plaisir visuel à nos clients et ils sont souvent appelés pour la pose, surtout dans les pays du Golfe », nous confie Ghalia Sebti.

Le succès d’Aït Manos lui a permis de devenir présidente d’honneur de la Fédération des entreprises d’artisanat, créée au sein de la CGEM en 2006. C’était sous l’ère du ministre du Tourisme, Adil Douiri, qui voulait développer le secteur.