Save Casablanca. Le mur des lamentations

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Un groupe de cyber-sentinelles dénonce, photos à l’appui, les maux qui rongent la ville blanche. En quelques mois, leur présence sur Internet et les réseaux sociaux n’a cessé de s’accroître.

Incivisme, destruction du patrimoine, tas d’ordures, chaussée impraticable… les Casablancais en ont marre, et ils le font savoir. Leur colère, ils l’expriment à travers Save Casablanca, un groupe né sur Internet et les réseaux sociaux pour dénoncer les maux qui ravagent l’espace public. Le mode opératoire : à chaque fois qu’un citoyen constate un dysfonctionnement, il prend une photographie des lieux et la poste sur le blog ou le groupe Facebook Save Casablanca, accompagnée d’un commentaire. Simple et efficace.

Bureau des réclamations

« On a trop laissé faire », martèle l’écrivaine et chroniqueuse Mouna Hachim, à l’origine de ce mouvement citoyen. « Depuis plusieurs années, Casablanca est gérée par le chaos et l’anarchie totale. Avec un groupe d’amis, j’ai décidé de créer une page Facebook pour dénoncer ce laisser-aller », raconte Mouna Hachim. Créée en octobre 2013, cette page compte aujourd’hui plus de 17 000 fans. Le groupe a tellement grossi qu’il mobilise trois administrateurs pour gérer les comptes Facebook, Twitter ainsi qu’un blog. Un succès qui n’a pas manqué d’attirer les médias. « Les citoyens sont devenus une source d’information pour les médias quand il s’agit de dénoncer des affaires comme la cession du vélodrome ou le déracinement de la zone forestière de Bouskoura », souligne Mouna Hachim. En l’espace de quelques mois, Save Casablanca est devenu le bureau des réclamations des Casablancais, au point de pousser ses concepteurs à repenser tout le concept. Une société  privée est sur le point de finaliser un portail  plus ergonomique, qui permettra de répertorier les doléances des citoyens par thématiques et comprendra un volet juridique, avec une compilation des textes de lois relatifs à la gestion de la ville : occupation de l’espace public, charte communale, etc.

Les élus interpellés

Pour plus d’efficacité, Save Casablanca ne se contente pas de servir de Mur des lamentations, mais interpelle personnellement les élus de chaque circonscription, voire les présidents des communes. Un des administrateurs de la page du groupe, juriste de formation, envoie des lettres aux présidents des arrondissements de la ville, textes législatifs à l’appui, pour leur demander de prendre les mesures nécessaires. Pour le moment, seule la société M’dina Bus a réagi suite à la publication d’une photo montrant un chauffeur de la société en train de rouler sur le trottoir. « Le conducteur, auteur de cet infraction, a été reconnu. Dans le cadre du code du travail, une commission disciplinaire a été réunie aujourd’hui et une mise à pied de 5 jours avec un dernier avertissement avant licenciement lui a été infligée », peut-on lire dans la réponse adressée par M’dina Bus. Touché ! « Malgré les lettres envoyées, nous n’avons reçu aucune réponse des responsable de la ville », précise Mouna Hachim, qui ne se décourage pas pour autant. « Il faut continuer à les harceler et ils finiront par courtiser les Casablancais à l’approche des prochaines échéances électorales », poursuit-elle. Pour gagner en notoriété, le mouvement envisage d’imprimer des autocollants et des T-shirts en attendant de se transformer en association d’intérêt public. Après Save Marrakech et Save Casablanca, espérons que le mouvement fera tache d’huile dans plusieurs villes du royaume, afin que les citoyens puissent enfin participer à la gestion de leur environnement immédiat.

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