Si vous êtes familier des feuilletons égyptiens et de leur propension à l’emphase patriotique, vous connaissez certainement le petit surnom du pays : « Oum al-Dounia », mère de l’Univers. Eh bien, cette vénérable dame s’est trouvée un bon parti. Rien n’étant trop beau, le prétendant est déjà couvert de louanges, de superlatifs et de décorations. Porté par l’enthousiasme du plébiscite de la Constitution (98,1% de oui mais seulement 38,6% de participation), les nouveaux maîtres du Caire déroulent le tapis rouge à Abdelfattah Sissi. Ministre de la Défense et vice-Premier ministre du gouvernement intérimaire, Sissi a été promu maréchal, puis proclamé candidat de l’armée aux prochaines présidentielles. De quoi nourrir le scénario du grand sauveur, qui contrairement aux quatre maréchaux de l’histoire égyptienne, n’a pas gagné son bâton sur les champs de bataille, mais en renversant le régime des Frères musulmans. Rien ne semble pouvoir arrêter cet épouvantable navet, estampillé « deuxième révolution égyptienne ». Pas même la féroce répression de l’anniversaire de la précédente (dite révolution du 25 janvier). Bilan : 49 morts, plus de mille arrestations. Alerte spoiler : la révolution ne se termine pas en happy-end.