Les hommes de 2013. Ils ont perdu gros

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2013 est à vite oublier pour eux. Ils ont vécu une annus horribilis ponctuée par des déboires à répétition. Certains ont mordu la poussière tandis que d’autres ont perdu beaucoup de plumes. 

Rachid Taoussi

Un lion édenté

Après le fiasco de la CAN 2013 et l’élimination dès le premier tour des Lions de  l’Atlas, il n’est pas arrivé à qualifier le Maroc pour la Coupe du Monde 2014. La sélection nationale, incapable de développer du jeu,  concède une défaite contre la Tanzanie (3-1) qui va sceller son sort. Rachid Taoussi a jeté l’éponge sans attendre la tenue de l’assemblée générale  de la Fédération royale marocaine de football qui devait décider son éviction. Une sortie par la petite porte.

Mohamed Ulad Mohand

Muselé par Hermès

Le réalisateur du documentaire Hercule contre Hermès a été reconnu coupable de diffamation à l’encontre de Patrick Guerrand-Hermès. Au mois de novembre dernier, le Tribunal correctionnel de Casablanca l’a condamné a verser 15 000 dirhams d’amende et 80 000 dirhams d’indemnités à l’héritier de la marque de luxe. En 2012 déjà, Guerrand-Hermès avait obtenu, après une action en justice contre Arte, le floutage de certaines scènes « portant atteinte à sa vie privée ».

Ali Fassi Fihri

Au bout du rouleau

« Je n’en peux plus ! »,  a semblé dire le président sortant de la FRMF tout au long de l’année. Après avoir annoncé en juillet son intention de briguer un second mandat à la tête de la fédération, un communiqué de la FRMF indique que l’assemblée générale est reportée et que Ali Fassi Fihri ne se porte plus candidat. Après de multiples reports, l’assemblée a eu finalement lieu le 10 novembre et le président de  la Renaissance sportive de Berkane, Faouzi Lakjaâ, est élu président. Ali Fassi Fihri respire enfin, mais un court moment. La FIFA invalide les élections et ordonne au bureau sortant de gérer les affaires courantes en attendant un nouveau suffrage en 2014. Finalement, Ali Fassi Fihri refusera de diriger ce comité et sera le grand absent lors de la Coupe du monde des clubs.  

Saâd-Eddine El Othmani

Le sacrifié du PJD

C’est l’un des grands perdants du remaniement de l’équipe Benkirane. Il a été évincé de son poste de ministre des Affaires étrangères, sacrifié sur l’autel de la realpolitik pour faciliter la tâche au Chef du gouvernement, embourbé dans ses négociations avec le RNI. En coulisses, on l’accuse d’avoir multiplié les gaffes lors de certains déplacements à l’étranger. Depuis, il est rentré dans les rangs, revenant contraint et forcé à la vie civile. Il a repris son travail de psychiatre dans la clinique privée qu’il dirige, en attendant des jours meilleurs.  En 2014, il pourrait notamment briguer à nouveau la direction du PJD.

Mustafa Ramid

Avaleur de couleuvres 

L’année 2013 aura été  incontestablement l’une des plus éprouvantes dans la carrière du ministre de la Justice. Il s’est retrouvé, malgré lui, propulsé sur le devant de la scène au gré de l’actualité. En août dernier, lorsque l’affaire Daniel Galvan éclate, et pendant que le Palais et le Chef du gouvernement sont motus et bouche cousue, le ténor du barreau se fend, la fleur au fusil, d’un communiqué justifiant la grâce du pédophile espagnol par une décision royale « s’inscrivant dans le cadre des relations amicales et stratégiques entre les deux pays amis ». Mal lui en a pris.  Face au feu des critiques, il se voit acculé à retirer – subrepticement – son communiqué du site de son ministère. Et à peine l’affaire entre les mains de la justice espagnole, Mustafa Ramid défraie à nouveau la chronique à cause de l’arrestation du journaliste Ali Anouzla. Là encore, l’avocat du parti de la lampe s’attire les foudres de l’opinion publique, non seulement en cautionnant cette incarcération infondée, mais aussi en décidant de poursuivre le quotidien El Pais devant la justice espagnole pour avoir publié la même vidéo. Et avant même le dénouement de l’affaire, il va devoir, quelques semaines plus tard, faire face aux déçus de la charte de réforme de la justice, dévoilée fin septembre. Ainsi, l’Association des barreaux du Maroc dit avoir été évincée des discussions autour de l’élaboration de la charte et annonce une série de sit-in jusqu’à ce que ses revendications soient entendues.

Abdelhanine Benallou

Case prison

Ayant écopé de cinq ans de détention ferme, l’ancien directeur général de l’Office national des aéroports est la première victime du rapport de la Cour des comptes de 2009. Il était poursuivi pour des chefs d’accusation très lourds : dilapidation de deniers publics, faux et usage de faux… Resté serein durant toute la phase de détention préventive, l’homme a défendu ses chances jusqu’au bout. En vain, le happy-end à la Khalid Alioua n’a pa eu lieu.  

Hassan Arif

Scandale au parlement

Provoquant l’indignation des réseaux sociaux, le député est désormais plus connu pour ses scandales judiciaires que pour sa fonction d’élu de l’Union Constitutionnelle. Alors que le Maroc se remet à peine de la tragédie Amina Filali, c’est l’affaire Hassan Arif, condamné pour viol puis acquitté, en janvier 2013, par la Cour d’appel de Rabat, qui déchaîne les passions. Accusé par Malika Slimani, fonctionnaire du ministère des Habous, dont les avocats ont présenté un test ADN prouvant que son enfant était bien né suite à leur rapport, Arif, qui est allé jusqu’à nier connaître la plaignante, a été acquitté faute de preuves.

Abdelilah Benkirane

Fin de l’état de grâce

Entre 2011, l’année de sa nomination, et 2013, sa cote a eu le temps de chuter. Lors d’un congrès de l’Union Constitutionnelle, le chef du parti, Mohamed Abied, a résumé les péchés capitaux dont la classe politique l’accuse : « Irresponsabilité, improvisation, désunion, inexpérience ». Attaqué de toutes parts, il se dédouane de ses échecs en invoquant un sabotage fomenté par « des crocodiles et des démons ». Des ennemis devenus partie intégrante du bestiaire de Benkirane, et qui ont longtemps régalé la rubrique « Flop » de la presse nationale. Ses sorties médiatiques, impulsives et agressives, lui ont valu l’ire de plusieurs partis politiques… dont le RNI, avec lequel il a fini par s’allier, faisant ainsi grimper son impopularité. Sa bête noire, Hamid Chabat, ne rate aucune occasion pour le décrédibiliser, et l’entraîne dans une escalade de provocations et de faux pas. A mi-mandat, et au plus fort des critiques, Benkirane s’est constitué un nouveau gouvernement, suite au retrait des ministres de l’Istiqlal. Grande erreur de 2013 ou dernière planche de salut, les avis divergent. Ce qui est certain, c’est que le Chef du gouvernement n’incarne plus l’espoir comme à ses débuts. Lors d’un récent congrès de son parti, lui-même a reconnu ne pas avoir honoré certaines de ses promesses électorales. Un constat (enfin !) lucide ou un nouveau virage dans sa com’ ? Le temps se chargera d’y répondre.

Hafid Benhachem

Le fusible du Makhzen

Le délégué général à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion a été le seul haut fonctionnaire à payer les pots cassés du scandale Daniel Galvan. Il a été révoqué par Mohammed VI qui, via un communiqué du cabinet royal, a jugé que l’administration de Benhachem « a transmis par inadvertance des informations erronées » sur la situation pénale du pédophile espagnol. L’homme, bien évidemment, n’a pas commenté la décision royale, acceptant en bon serviteur du Makhzen d’être le bouc émissaire.

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