Cinéma. Malik Bendjelloul révèle le mythe d’un grand prince

Documentaire. Rodriguez est un chanteur hors du commun qui a contribué à sa manière à la fin de l’Apartheid. Le film Sugar Man part sur les traces de cette légende.

Vous n’avez sûrement jamais entendu parler de lui. Pourtant, Sixto Rodriguez aurait pu bercer la jeunesse de millions de gens dans le monde avec ses chansons folk. Son histoire aurait aussi pu être d’une banalité confondante. Celle d’un chanteur américain, originaire de Détroit, qui sort dans les années 1970 deux albums (Cold Fact et Coming from reality), bien écrits, bien chantés, mais qui tombent dans les abîmes de l’anonymat. Seulement, Rodriguez est bel et bien une légende. Un mythe qui est né dans un seul pays du monde, un pays dont le chanteur n’a jamais foulé le sol et avec lequel il n’a jamais eu aucun lien : l’Afrique du Sud. Le réalisateur suédois Malik Bendjelloul est allé à la rencontre des fans de Rodriguez, a remonté l’origine d’un mythe et révèle un personnage hors du commun, d’une humilité et d’une grâce incroyables. Il torpille le cliché de la star pleine d’excès.

Plus connu que les Beatles

Dans une Afrique du Sud divisée par l’Apartheid et gangrenée par le conservatisme, les chansons de Rodriguez ont très vite été érigées en hymne à la contestation chez les Afrikaners et, surtout, elles ont accompagné la lutte pour l’égalité entre blancs et noirs. L’un de ses fans sud-africains, Stephen Segerman, assure dans le documentaire que Rodriguez a eu beaucoup plus d’impact que les Beatles ou les Rolling Stones dans le pays de Mandela. « Nous ne l’avons jamais vu sur scène, mais on raconte qu’il s’est suicidé. » C’est sur les mots de ce fan que commence le documentaire, qui est à la fois une enquête sur le chanteur et son histoire, et un film d’une grande émotion. La chanson Sugar Man, qui tourne en boucle dans le long-métrage et qui lui vaut son titre, plonge le spectateur dans une ambiance de douce mélancolie. Rodriguez ne s’est jamais suicidé, il a juste été écarté par une industrie de la musique trop vorace. Sugar Man, c’est surtout l’histoire d’un grand prince, un homme intègre, que la misère n’a jamais affaibli ou enlaidi.    

 

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