Proche-Orient. Obama l’equilibriste

Le président américain a effectué une visite officielle en Israël et en Cisjordanie. Coup de communication et gestion de crise étaient au cœur du voyage. Tour d’horizon.

Le président américain avait prévenu à l’avance : sa venue n’avait pas pour but de proposer un nouveau plan de paix au conflit israélo-palestinien. Cette tâche, plutôt ardue, a été déléguée au secrétaire d’Etat John Kerry, qui s’est déjà mis au travail. Obama, de son côté s’est attelé à une opération de communication périlleuse. L’urgence pour lui était de calmer les peurs israéliennes, mais aussi les ardeurs d’un gouvernement qui campe sur des positions problématiques, notamment le droit à la riposte militaire d’Israël contre l’Iran. Cependant, il ne fallait pas que le voisin palestinien se sente laissé pour compte. D’où son déplacement à Ramallah, pour s’entretenir avec son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre, Salam Fayyad. Une rencontre pour la forme où Obama a reconnu que la construction des colonies israéliennes était un frein à toute négociation de paix et a débloqué une aide de 500 millions de dollars pour la Palestine.

 

Une question de communication…

Apaiser les relations israélo-américaines, rassurer l’opinion publique quant à son positionnement envers Israël et évoquer les dossiers “chauds” du Proche-Orient,  tels que la guerre en Syrie et le nucléaire iranien, voilà donc les principaux objectifs de la visite de Barack Obama. Le nouveau gouvernement israélien, encore plus à droite depuis les élections de janvier dernier, multiplie les discours de peur et les menaces de bombardement contre l’Iran. Si Obama a réitéré le soutien infaillible des Etats-Unis envers Israël et annoncé la prolongation de l’aide militaire au-delà de 2017, il a également fait comprendre en filigrane qu’il privilégierait la voix du dialogue avec le régime iranien. Netanyahou avait fixé à “l’été 2013” le moment où les Israéliens devraient prendre une décision militaire, tandis qu’ Obama avait déclaré que “si les Iraniens décidaient de fabriquer une arme nucléaire, cela prendra plus d’un an”. Une idée à laquelle s’est ralliée le Premier ministre de l’Etat hébreu, repoussant ainsi l’échéance d’une prise de décision définitive.

Plutôt que de s’adresser aux ministres et aux parlementaires israéliens, Obama a fait un discours devant un parterre d’étudiants venant de tout Jérusalem (exceptée l’Université d’Ariel, situé dans les colonies), où il a rassuré son auditoire, conforté la légitimité d’Israël mais aussi exhorté les citoyens à faire la paix avec les Palestiniens en soutenant que c’était “ la seule voie vers une véritable sécurité”.

 

La géopolitique au menu

Malgré tout, le soutien des Etats-Unis, très éloignés géographiquement, pourrait ne pas suffire à endiguer les crispations israéliennes. Très isolé dans la région, l’Etat hébreu a besoin d’un allié proche avec qui partager ses points de vue sur la situation en Syrie et en Iran. C’est le cas de la Turquie qui souhaite le départ de Bachar Al Assad. La Syrie, en pleine implosion, se situe entre les deux pays et le chaos qu’elle traverse inquiète vivement les Turcs et les Israéliens. Tous deux soupçonnent le régime syrien de posséder des armes chimiques et sont persuadés que celles-ci pourraient tomber entre de mauvaises mains, notamment les djihadistes, menaçant ainsi toute la région. Après un petit coup de pouce d’Obama, Netanyahou s’est donc résolu à passer un coup de fil à Recep Tayyip Erdogan et lui a présenté des excuses pour la mort de neuf Turcs dans l’arraisonnement d’une flottille qui se rendait à Gaza, en 2010. Il a également annoncé que les familles des victimes seraient indemnisées. Peu de temps après ce coup de téléphone, Netanyahou a d’ailleurs avoué que la situation syrienne le préoccupait tellement qu’il avait déjà pensé à se rapprocher de la Turquie.

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