“J’adore Jackie Chan”

Smyet bak ?

Najib Bouab.

 

 

Smyet mok ?

Anne-Marie Langeard.

 

 

Nimirou d’la carte ?

A 336444

 

 

2012 a été votre année. Vous avez cartonné dans Road to Kabul de Brahim Chkiri, et dans Zéro de Noureddine Lakhmari. On commence à vous reconnaître dans la rue ?

Un peu, mais pour le moment c’est très calme. J’ai l’impression que les gens m’abordaient plus quand je jouais dans la série Cool Center pendant le mois de ramadan 2009. Les gamins entre 10 et 15 ans venaient toujours me parler.

 

 

On vous présente comme le nouveau beau gosse du cinéma marocain. ça vous fait quel effet ?

ça flatte l’ego, c’est certain ! Mais je vous rassure, dans ma vie de tous les jours, je suis loin de tout ça. Il n’y a vraiment pas d’émeutes de filles quand je sors dans la rue (rires). Il faut dire que je ne m’aventure pas très souvent en dehors du quartier de l’Agdal. C’est mon QG à Rabat, l’houma diali. Mon père et mon frère y habitent aussi.

 

 

C’est facile pour un comédien débutant de travailler avec Mohamed Majd, l’un des plus grands acteurs du cinéma marocain ?

C’était très impressionnant. D’ailleurs, les scènes avec lui étaient souvent les plus poignantes et les plus difficiles à jouer pour moi, comme celle du suppositoire ou celle de sa mort. On a vraiment fini par développer une relation père-fils par transfert ; il y a beaucoup de respect et de distance entre nous. Mais on rigolait beaucoup lorsqu’on tournait les scènes d’insultes.

 

 

Dans la vraie vie, vous ressemblez plus à Amine, le personnage principal de Zéro que vous incarnez, ou à Ali dans Road to Kabul ?

Ali est un peu trop naïf, un peu bébête même. Je dirais donc que je suis plus proche d’Amine dans Zéro. On a beaucoup de points communs, et j’ai les mêmes doutes que lui. Mais je tiens à préciser que je suis quand même plus optimiste. Je me dis toujours que tout finira par s’arranger.

 

 

Vous êtes le grand frère de l’acteur Assaâd Bouab. Vous êtes aussi inséparables que les frères Noury ?

Vraiment pas (rires). Chacun est dans son trip. Quand il cartonnait dans Marock, je finissais mon Master 2 en philosophie à Paris. Même au lycée, on ne traînait pas tout le temps ensemble, même si nous n’avons qu’un an de différence. Chacun avait son cercle de potes, ses activités. Mais on aimerait beaucoup travailler sur un projet ensemble un de ces jours.

 

 

Votre cousin Réda est aussi dans la production cinématographique. Vous avez signé un pacte tous les trois quand vous étiez adolescents pour travailler dans le cinéma ?

En fait, nous avions tous les trois le même professeur de théâtre au lycée Descartes, Jacques Mandréa, qui nous a transmis sa passion. Mais à l’époque, je ne pensais pas à faire du cinéma mon métier. Après le bac, j’ai décidé de faire de la philosophie, alors qu’Assaâd avait décidé de se lancer dans des études de comédie. Je n’ai recommencé à faire du théâtre que quelques années plus tard.

 

 

Vous avez grandi en regardant des films d’auteur français ?

Non, pas du tout. Quand j’étais ado, j’étais accro aux films avec Stallone, Schwarzenegger, Steven Seagal ou Jackie Chan. J’adore les films d’action, et j’aimerais vraiment jouer un jour dans un film d’action américain, même si c’est juste un tout petit rôle. D’ailleurs sur le tournage de Zéro, quand on tournait les scènes avec le flingue, Lakhmari n’arrêtait pas de me dire “Younès, arrête de te prendre pour James Bond”. (rires) 

 

 

Vos parents prennent bien le fait d’avoir deux fils acteurs ?

Oui, ils nous ont toujours soutenus dans le choix de nos études et de nos carrières. Mais avec du recul, je pense que j’aurais dû y penser à deux fois avant de me lancer dans des études de philo. J’aurais dû opter pour le droit, au moins aujourd’hui j’aurais un vrai travail, et à côté j’aurais pu faire du cinéma (rires).

 

 

On vous a déjà dit que vous avez un air de Gad Elmaleh ?

Depuis quelques années, on me le dit très souvent (rires). Mais le plus drôle, c’est que je trouve aussi qu’on se ressemble lorsqu’on fait des grimaces.

 

 

En 2007, vous avez décidé de rentrer au Maroc, votre diplôme de philo en poche. Pourquoi ce choix ?

Je suis rentré par hasard, parce qu’on venait de me proposer d’écrire des scénarios pour la télévision marocaine. J’ai sauté sur l’opportunité parce que j’avais toujours voulu faire cela. La première série sur laquelle j’ai travaillé, Al Gharib, vient à peine d’être diffusée sur Al Aoula il y a quelques mois. 

 

 

Etre scénariste pour la télévision marocaine, ça paie bien ?

Franchement, pas vraiment. Mais c’est très sympa comme métier. D’ailleurs je dois m’y remettre, ça fait longtemps que je n’ai pas écrit. Depuis plusieurs mois je vis du cachet de Zéro, et de celui que j’ai reçu pour un film français dans lequel j’ai joué. J’arrive à joindre les deux bouts, mais ce n’est pas évident.

 

 

Vous avez des projets pour les mois à venir ?

Pour le moment, aucun. C’est un peu angoissant. Je n’ai pas reçu de propositions, malgré les succès de Road to Kabul et Zéro. Ce qui est bien, c’est que cela me permet de garder les pieds sur terre. Mais c’est vrai qu’il y a tellement d’acteurs marocains que je ne suis pas certain qu’on me propose un rôle intéressant de si tôt. Ou alors peut-être dans dix ans…

 

 

En fait, vous êtes aussi pessimiste que votre personnage dans Zéro …

Non. La réalité c’est que je n’ai reçu aucun scénario depuis longtemps. Au pire, si jamais il n’y a rien, je vais mettre entre parenthèses ma carrière d’acteur et revenir à l’écriture de scénarios. Ou me lancer dans le journalisme, pourquoi pas.

 

 

Vous avez beaucoup étudié la philosophie islamique et le libéralisme politique. Vous vous intéressez un peu à la politique marocaine ?

On va dire que j’essaie de suivre un peu ce qu’il se passe dans ce domaine au Maroc et en France, vu que je suis franco-marocain. Mais, sincèrement, je suis plus du genre à lire des essais philosophiques qu’à regarder les infos régulièrement à la télévision …

 

 

En tant qu’acteur, scénariste et spécialiste en philosophie, les islamistes au pouvoir, ça vous fait peur ?

Non, honnêtement, cela ne m’a jamais fait flipper. Pour moi, le Maroc c’est une stabilité à toute épreuve ! Par contre, ce qui m’a énormément marqué ces deux dernières années, ce sont les manifestations du M20. A l’époque, nous étions en plein tournage de Zéro, et le peuple demandait exactement ce que Lakhmari montrait dans le film, à savoir la justice sociale et de la dignité. Et pour moi, le M20 a réussi sa mission. Le mouvement n’était pas là pour donner des solutions et proposer des alternatives, mais pour dire stop.

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