Zakaria Boualem présente ses voeux pour l'année 2013

Par Réda Allali

Zakaria Boualem vous accueille cette semaine avec entrain, il est tout sautillant de joie à l’idée de vous retrouver. C’est dommage que vous ne puissiez pas voir ça. Juste un truc avant d’aller plus loin : évitez de lui demander ou il a passé la soirée du réveillon, ça l’énerve. Parce que le Guercifi déteste tout ce qui est obligatoire, même les fêtes. La seule idée de se trouver contraint de festoyer est une abomination pour cet esprit tordu. ça lui rappelle la fête du trône de son enfance, où il était sommé de 7tafel avec enthousiasme par un moqaddem dont la mine, bizarrement, n’était pas un appel à la joie de vivre. C’est pareil aujourd’hui, la seule idée d’une masse déraisonnable de compatriotes sillonnant les rues pour festoyer provoque en lui un seul réflexe : celui de se terrer dans son logis sécurisé. Voilà. Ajoutez-y qu’il trouve absurde de se réjouir juste parce qu’on a changé d’année, comme si le fait de rajouter une unité à un chiffre déjà considérable était synonyme de progrès. 

Bon, comme il est bien élevé le Guercifi, il va tout de même vous présenter ses vœux pour 2013, une année dont il attend beaucoup. Pour commencer, il vous souhaite un nombre important de tournants démocratiques historiques, c’est important. Il espère que le rythme trépidant de réactions d’enthousiasme saluant de par le monde notre transition démocratique ne faiblira pas, c’est important, ça aussi. 2012 a été un excellent cru, il faut maintenir cette belle tendance, et merci.

Il vous souhaite aussi une petite Coupe d’Afrique pour mettre de l’ambiance, ça devrait contribuer à détendre l’atmosphère. Zakaria Boualem y croit, il pense sincèrement qu’on peut gagner. Pas parce qu’on est très fort, juste parce qu’on a déjà beaucoup perdu. C’est un fait mathématique : plus une série de défaites est longue, plus elle se rapproche de sa fin.

Il vous souhaite à tous et à toutes un pare-choc en titane. Oui, même les piétons et les poussettes, surtout les poussettes. Il espère que vous n’aurez jamais besoin d’un taxi à Marrakech, ni à la sortie d’une gare de n’importe quelle ville. Si cela devait arriver, alors au moins qu’il n’y ait pas dans son autoradio de rap patriotique, il ne faut pas exagérer… Voici son vœu artistique pour la prochaine année : un essoufflement de la chanson nationale. Vous savez, les couplets sur les ennemis qui nous jalousent, les refrains sur tanja ila lagouira, etc. S’il y a encore des grimate à distribuer, qu’on les leur offre le plus vite possible mais juste qu’ils arrêtent, ce truc devient gênant.

Quoi de plus pour 2013 ? Ah oui, un minimum d’invitations à des mariages, ce truc est une torture, franchement. Oui oui, il faut enfin briser le tabou. Aucun homme ne peut trouver le moindre plaisir à rester assis sous un éclairage de salle de bain six heures de suite, incapable de s’adresser à son voisin à cause d’une sono surpuissante et perpétuellement nargué par des plateaux de petites bouchées ridicules servis dans un ordre anarchique pour simuler un repas. Si Zakaria Boualem limite cette remarque aux hommes, c’est juste parce qu’il n’a pas encore posé la question aux femmes de son entourage. Si elles s’emmerdent aussi, alors on se demande pourquoi on continue à s’infliger pareille punition collective.

En passant, puisqu’on en est à rêver, peut-on imaginer une année 2013 qui marquerait la fin des spots avec des rimes et des pins colorés à l’ambition démesurée ? Style arrêter la corruption, par exemple. ça serait cool d’intégrer une fois pour toutes que ce truc ne marche pas. Il ne sert même pas à donner bonne conscience, on a dépassé ce stade. C’est juste ridicule, et merci.

Voilà, cette liste de vœux commence à avoir de l’allure. Il faudrait peut-être la compléter en vous souhaitant un minimum d’interaction avec notre glorieuse administration, il ne faut pas abuser des bonnes choses.

Et pour terminer, bien entendu, un championnat rajaoui, c’est une évidence, et merci !