“Je kiffe Zlatan”

Smyet bak ?

Salem Layachi.

 

Smyet mok ?

Maryeme Guedira.

 

Guedira, comme dans Ahmed Reda Guedira, conseiller de feu Hassan II  ?

Oui, tout à fait, c’était un super grand-père, et un grand homme.

 

Nimirou d’la carte ?

DE 767505.

 

Il paraît que c’est Hassan II qui vous a appelée Fatym. Ça va, vous l’aimez bien votre prénom ?

Oui, je crois, je ne me pose pas la question.

 

Vous avec tourné dans le dernier Zinoun, Femme écrite, dans lequel il y a quelques scènes de nu. Vous ne craignez pas la polémique ?

Non, pas du tout. Et d’ailleurs, il n’y en a pas eu. Tant mieux.

 

Le film entame sa 5ème semaine d’exploitation. Heureuse ?

Je l’espérais, mais je ne m’y attendais pas, car c’est un film d’auteur. Mais, finalement, s’il est en salle depuis 5 semaines, c’est qu’il marche…

 

Sur une photo qui a pas mal tourné sur les réseaux sociaux récemment, on vous voit poser dans une décharge municipale. C’était quoi, de la provoc ?

Non, c’était un projet d’un photographe hyper-talentueux, qui s’appelle Othman Zine. C’était une photo autour de la polémique de l’art propre : il m’a sollicitée pour ça, j’ai accepté, car j’ai trouvé ça drôle, insolent et pertinent à la fois. En tant qu’artiste, la meilleure réponse que l’on puisse apporter à un message politique, c’est la créativité.

 

Vous faites partie des initiateurs du “Manifeste pour une culture libre”. Vous sentez-vous menacée en tant qu’artiste, et plus particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes ?

Je pense qu’un un vent liberticide souffle sur le pays, mais ça n’a pas commencé le 25 novembre 2011. ça a débuté avec le procès des satanistes, en 2003.

 

Ça date, non ?

Oui, mais plus récemment, l’écrivain Abdellah Taïa a été agressé à la fac d’El Jadida lors d’une conférence sur un de ses livres… Par ailleurs, le film Tinghir-Jérusalem de Kamal Achkar a suscité une vive polémique. Il y a aussi les attaques contre Latefa Ahrrare, autour de sa pièce de théâtre.

 

Vous avez 7000 fans sur Facebook. Vous faites dans le community management maintenant ?

(Rires) Non, non, ce n’est pas moi qui ai créé cette page, c’est un jeune homme, Mehdi Moukni, qui l’a fait à l’époque où je tournais dans la série sur Al Aoula, Polygame malgré lui. Je le remercie au passage.

 

Il vous arrive d’être reconnue dans la rue, et de signer des autographes ?

Ça m’arrive, mais je ne pense pas être célèbre. J’existe médiatiquement, mais c’est une notoriété relative.

 

Et cette notoriété relative, ça change vos rapports avec votre pharmacien, votre boulangère ?

Ki d3iw m3aya (ils prient pour moi)! Et j’adore ça, je trouve qu’il n’y a rien de mieux que d3iwat (prières).

 

Vous croyez en Dieu ?

Oui, je crois en Dieu, en ses prophètes et en ses livres. Je suis musulmane, et je pense que c’est le même Dieu pour tout le monde.

 

On vous a déjà reproché d’avoir chopé le melon ?

Non, je doute trop pour choper le melon.

 

Marock, le film de Leïla Marrakchi, c’est, de tous les films dans lesquels vous avez tourné, le plus impactant. Vous n’auriez pas préféré le tourner aujourd’hui ?

Non, parce que je ne suis plus la même personne. J’ai tourné dedans quand j’avais 21 ans, je n’étais pas encore sûre de vouloir faire carrière dans le cinéma, j’avais besoin de faire autre chose aussi, de grandir. Ce n’est que plus tard que j’ai fini les Cours Florent… Et en parlant d’impact, c’est surtout la télé qui m’a fait connaître…

 

Vous pouvez dire du mal d’un film dans lequel vous avez tourné ?

Honnêtement, je ne peux pas. Quand je tourne dans un film, c’est que je suis convaincue de ce que je fais, et je les défends donc tous.

 

Au Festival du film de Marrakech, avec toutes les stars internationales qui débarquent, vous ne vous transformez pas en groupie ?

Ce n’est pas forcément valable que pour les stars internationales. La première fois que j’ai rencontré l’actrice marocaine Raouiya, j’étais une groupie, pareil quand j’ai vu Omar Sayed…

 

Vous avez récemment fait la couv’ d’un magazine en caleçon et veste de costard. Ils prennent ça comment vos parents ?

Mes parents vont bien, merci (elle sourit).

 

Votre amoureux, il prend comment le fait que vous embrassiez des garçons dans vos films ?

Bien, parce que c’est pour de faux. Et puis, j’ai l’amoureux le plus formidable de la terre. Et au passage, les bisous au cinéma, il n’y a rien de plus chiant, c’est hypertechnique et hyperprécis…

 

Vous avez un look un peu schizophrène, tantôt en mode hippie, tantôt tirée à quatre épingles…

Ah non, pas hippie, les hippies, ils ont les cheveux sales. Moi, je suis une vraie meuf (rires). J’aime bien les belles choses, les fringues, je peux parler manucure pendant des heures, m’extasier devant des chaussures.

Et puis, forcément, les fringues qu’on porte nous ressemblent, je kiffe autant les baggies que les robes hyperstructurées. En fait, j’aime autant les escarpins hors de prix que l’7archa.

 

Vous portez parfois un maillot de Del Piero, avec des talons aiguilles, c’est un peu schizo ça, non ?

Non, ce n’est pas schizo, c’est moi. J’adore le foot. Et, en ce moment, je kiffe Zlatan Ibrahimovic, son génie, et tous les produits dérivés. “Le Journal de Zlatan” sur So Foot qui, au passage, est le meilleur magazine au monde, Zlatan sur les Guignols sur Canal+, etc. Bref, j’aime la Zlatanerie.

 

Vous vivez de votre métier ?

Oui, ça va. Quand je suis à découvert, c’est plus à cause du shopping…

 

Le titre de la pièce de théâtre que vous venez de monter est Je dis non. Vous dites non à quoi, aux mèches rebelles et aux cheveux cassants comme dans la pub ?

(Rires) Oui, voilà. Et aussi à tout ce à quoi il faudrait dire oui par principe sans même se poser la question.

 

Vous faites partie des sympathisants du Mouvement du 20 février. Vous en pensez quoi avec du recul ?

Sympathisante du mouvement, je ne sais pas. Oui, je suis sortie dans la rue le dimanche, j’ai tourné en portant un brassard noir, et je continue de m’insurger contre la détention de L7a9ed. Le 20 février 2011, pour moi, ça restera surtout une très belle date, la date à laquelle les Marocains ont eu rendez-vous avec la dignité. J’ai du mal à voir un mouvement. Car personne n’a su capitaliser sur toute cette énergie. Je pense que le Mouvement du 20 février n’aurait pas dû boycotter le référendum par exemple, mais plutôt proposer des alternatives. Cela dit, le combat pour la dignité et la justice est loin d’être fini…

 

 

Antécédents

 

1983. Naissance à Casablanca.

 

2002. Tourne dans Une histoire d’amour, de Hakim Noury

 

2004. Décroche un rôle dans Marock, de Leïla Marrakchi

 

2007. S’installe à Jérusalem et travaille dans une ONG palestinienne pendant un an

 

2011. Fait la couverture d’un magazine pour la 1ère fois

 

2012. Obtient le premier rôle dans Femme écrite de Lahcen Zinoun.

 

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