“Je n’ai jamais bu d’alcool”

Smyet bak ?

Abdallah Benhammou.

 

Il paraît que vous êtes le “Faridi” premier du nom dans la famille …

C’est vrai. A l’époque, mon père souhaitait changer de nom de famille. Il était un fan de Farid Al Atrach,

d’où le Faridi.

 

Smyet mok ?

Tam Sellami.

 

Nimirou d’la carte ?

BE 436 347.

 

Bon, récapitulons. Vous êtes publicitaire, cinéaste, conseiller du ministre de la Jeunesse et des Sports, éleveur de chevaux… Etes-vous un hyperactif ou simplement dispersé M. Faridi ?

J’ai plusieurs passions dans la vie et je mène chacune jusqu’au bout. Je n’imagine pas ma vie autrement. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi l’humanité a abandonné la pluridisciplinarité en faveur de la spécialisation.

 

Pour mieux faire chaque chose peut-être ?

A condition d’être réellement passionné par ce qu’on fait, je suis certain qu’on peut exceller dans plusieurs domaines à la fois.

 

Vous, qui faites du marketing politique, que vous inspire la montée de profils comme Abdelilah Benkirane et Hamid Chabat ?

C’est le choix du peuple. Ces gens sont arrivés là où ils sont par la voie des urnes. Remarquez qu’avec le sacre de Chabat, l’Istiqlal devient un parti intéressant qui fait l’actualité et qui interpelle les observateurs. L’USFP, et d’autres partis, vont certainement aller dans la même direction d’ailleurs.

 

A quand une révolution au MP (Mouvement populaire) alors ?

Ecoutez, l’histoire s’est accélérée ces 15 derniers mois. Des visages qu’on croyait incontournables font désormais partie du passé. Les dirigeants du MP sont conscients de cette réalité. D’ailleurs, un débat autour de plusieurs questions comme la place de la femme ou encore le positionnement du parti est nécessaire lors du prochain congrès.

 

Vous êtes francophone, vous faites de la pub, vous écoutez du rock… Vous n’êtes pas trop citadin pour ce parti finalement ?

Je suis un enfant de Mers Sultan, à Casablanca. J’ai du respect pour l’urbanité, mais je n’oublie pas mes origines rurales. Je considère d’ailleurs que la ruralité est une grande chance pour le Maroc. Ce que j’aime dans le MP ? Son ancrage à droite, ainsi que son attachement à certaines grandes questions comme la ruralité ou l’amazighité justement.

 

A Mers Sultan, il y avait presque autant de bars que de cinémas. Pourquoi avez-vous attrapé le virus du Septième art et pas celui de la bouteille ?

Mon père n’a jamais bu et moi non plus. Il m’a toujours expliqué que ce n’est pas une bonne chose de boire de l’alcool. Attention, je ne juge pas les buveurs. Mais je suis toujours gêné lorsqu’on me demande pourquoi je ne bois pas, ou qu’on insiste pour

que je prenne un verre.

 

Vous avez déterré des cadavres depuis que vous êtes au ministère de la Jeunesse et des Sports ?

Ce que je peux vous dire, c’est que depuis quelques jours, je rencontre des inspecteurs des finances dans les couloirs.

 

Entre nous, vous n’en avez pas marre de penser pour les autres ?

Si.

 

Vous arrive-t-il de vous sentir plus intelligent que votre ministre, Mohamed Ouzzine ?

C’est que vous ne connaissez pas bien mon ministre. Il y a de l’échange et de la contradiction tous les jours entre nous. Il n’exclut aucune idée ni aucun talent. Il reçoit d’ailleurs plusieurs porteurs de projets tous les jours.

 

Ce ne serait pas lui qui aurait poussé vers le choix de Rachid Taoussi à la tête de la sélection ?

Pas du tout. La Fédération est libre de ses choix. Ce qui nous intéresse, c’est la transparence du processus et le respect des règles de bonne gouvernance. Il fallait trancher avec la tradition du fait accompli, du ainsi soit-il.

Aujourd’hui, c’est fait !

 

Vu que vous êtes l’homme qui murmure à l’oreille de tous les pontes du MP, vous ne pourriez pas demander à Mohand Laenser (ministre de l’Intérieur) d’arrêter de brutaliser les manifestants dans la rue ?

Croyez-moi, cela le dérange au plus haut point. C’est un homme sensible et responsable. Il n’aurait pas accepté cet état de fait si une troisième voie était possible. Et puis, le ministre de l’Intérieur n’est pas seul responsable de ce qui se passe dans la rue.

 

Peut-être. Mais politiquement, il est responsable des agissements des forces de l’ordre !

Je ne répondrai pas à sa place. A titre personnel, je déteste l’idée de porter atteinte à l’intégrité physique d’un Marocain. Mais je sais que pour des raisons de maintien de l’ordre, la police pourrait recourir à la force comme partout ailleurs.

 

Passons. Vous êtes un passionné d’élevage et de courses de chevaux. C’est un peu un hobby de bourge, non ?

Pas du tout. Nous sommes un pays de cavaliers. Ici, un élevage peut démarrer à un cheval, contrairement à d’autres contrées où plusieurs chevaux appartiennent à un nombre limité de personnes. En revanche, la filière manque d’imagination et de gestionnaires spécialisés.

 

C’est un prince qui remplace la défunte Lalla Amina à la tête de la fédération des sports équestres. Etre chrif est un préalable pour accéder au poste ?

Le prince Moulay Abdallah est d’abord un grand passionné. Il est éleveur, cavalier et grand connaisseur du domaine équestre. Il a la confiance du roi et le Palais a donné son accord pour sa désignation à la tête de la fédé.

 

Etrange. Vous défendez la bonne gouvernance dans le sport et vous acceptez de faire l’économie d’une élection dans une fédération sportive !

Un président délégué sera élu conformément à la loi 30-09.

 

Vous avez réalisé vos trois premiers courts-métrages en une année. Vous êtes un rapide, dites donc…

En fait, j’avais la rage. J’avais une peur irrationnelle que quelqu’un vienne m’empêcher de faire des films. Puis, en tant que manager, je devais optimiser les moyens techniques.

 

Dernière question. Vous avez été conseiller de Mohand Laenser ministre d’Etat sans portefeuille. Comment occupiez-vous vos journées ?

Contrairement à ce que vous avez l’air de penser, on avait beaucoup à faire. Ministre d’Etat est le portefeuille le plus séduisant au gouvernement. ça permet de travailler sur de grandes thématiques transversales, qui vont de la réforme de la caisse de Compensation, aux questions diplomatiques en passant par la gestion des crises.

 

 

Antécédents

 

  • 1968. Naissance à Casablanca
  • 1994. Décroche un premier job dans la communication
  • 2005. Réalise son premier court métrage

 

 

  • 2007. Devient conseiller de Mohand Laenser, ministre d’Etat
  • 2010. Remporte le “Raid équestre d’endurance du Moyen-Atlas “
  • 2012. Conseiller de Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports.

 

 

 

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