Zakaria Boualem a la positive attitude

Par Telquel

Zakaria Boualem va bien, hamdoullah. Il a passé un week-end de fort bonne facture, il est dans une dynamique positive, vous pouvez probablement le sentir de l’autre côté de la page. Pour conserver ce bel enthousiasme, le Guercifi ombrageux souhaite évoquer toutefois quelques menus désagréments et adresser les remarques ci-jointes à qui de droit, dans un esprit résolument positif.

Message à l’attention de 2M, que Dieu l’assiste : vous avez réalisé samedi dernier une émission intitulée “Je veux passer sur 2M”. C’était magnifique, surtout les décors, vraiment. Devant un tel fond d’écran, même Michael Jackson aurait l’air d’un guignol, mais c’est une question de goût j’imagine. Non, le vrai problème dans cette émission, c’est le nombre absurde de tbarekallah 3likoum qu’encaisse le spectateur par minute. On dirait un exercice de conjugaison. Comment avez-vous trouvé le numéro ? Tbarekallah 3lihoum, très bien. Que voulez-vous dire aux artistes ? Tbarekallah 3likoum, continuez… Quelque chose à ajouter ? Oui, tbarekallah 3lihoum… C’est un peu lourd à écrire, mais encore plus à entendre, je vous assure. C’était juste une petite remarque pour la forme, rien de grave. Ah si, avant de terminer, vous avez passé une partie importante de l’émission à dénoncer le fait que l’artiste marocain était peu mis en valeur dans son propre pays et qu’il devait avoir une reconnaissance de l’étranger pour qu’on veuille bien le traiter correctement chez lui. Une prise de position courageuse, bravo. Dans la fougue de votre engagement, vous avez sans doute oublié que vous étiez justement une chaîne de télévision et que, ce fait, vous disposiez de l’outil idoine pour faire cesser cette injustice. Ce n’est qu’une question de temps, j’imagine, pour que vous placiez l’artiste marocain à sa juste place conformément à votre terrible constat, et merci.

Message à l’attention de Monsieur le Ministre de l’Education nationale, que Dieu lui vienne en aide. Vous vous êtes courageusement élevé contre les dérives dont se rendent coupables les établissements de la Mission française au Maroc. Il paraît qu’ils veulent homosexualiser les Marocains. Votre sens des priorités vous honore. D’autres auraient suggéré de commencer par réparer le nôtre, de système éducatif, qui produit des illettrés en quantité abondante et de bonne qualité. Ils ont tort, bien sûr. D’abord parce que c’est très compliqué, ensuite parce que la majorité des locataires de ce pays ne considèrent pas notre système éducatif lamentable comme un problème, mais comme une donnée. Oui, il suffit qu’un problème soit chez nous suffisamment ancien pour être admis comme faisant partie du paysage, donc à l’abri de la remise en cause. Par ailleurs, on peut toujours apprendre à lire à un illettré, alors qu’on n’a pas encore réussi à prouver qu’on pouvait redresser un malheureux homosexualisé par la Mission française. Continuez, donc, vous êtes sur la bonne voie, et merci.

Message à l’attention de nos communicants, que Dieu leur apporte la paix intérieure. Cette semaine, Zakaria Boualem a croisé la route d’un des héros du Maroc moderne, un des bâtisseurs du tramway. Celui-ci lui a expliqué, l’air enjoué, que cette prodigieuse réalisation allait servir de trait d’union social et culturel à la ville de Casablanca, qu’elle allait désenclaver certains quartiers et profondément modifier la vie des Rajaouis et même des Wydadis. C’est très bien. Il a ensuite reproché son manque d’enthousiasme à Zakaria Boualem, qui l’a écouté d’un air morne. Voici la réponse du Guercifi : faites le tramway, allez-y les gars. Inaugurez-le et faites-le tourner quelques mois. Et s’il devient un trait d’union social et culturel, qu’il désenclave les quartiers, etc. Eh bien, Zakaria Boualem sera le premier à le dire et à s’enthousiasmer. Il ne faut pas lui en vouloir, le bougre. Depuis qu’il s’exprime dans ces colonnes, il aurait dû organiser deux Coupes du Monde, gagner trois coupes d’Afrique, basculer dans la modernité tous les six mois et entrer dans une ère démocratique au moins une quarantaine de fois. Depuis, il se méfie un peu des annonces glorieuses. Et merci.