“Je ne suis pas une caillera”

Smyet Bak ?

Lwalid.

 

Smyet mok ?

Lhajja.

 

Nimirou d’la carte ?

BJ10562.

 

Est-ce qu’il  y a un brobliim a3chiri si je vous appelle Bouzebal ?

Non, pas du tout. Dans mon quartier, à Casablanca, certains gamins m’appellent comme ça. C’est très affectueux. C’est un personnage fictif qui évolue indépendamment de moi.

 

Maintenant que vous êtes célèbre, les gens vous reconnaissent dans la rue?

Non. Je suis connu sur le Web, mais pas dans le monde réel. Je reçois des dizaines de mails par jour et j’essaye de répondre au maximum. Les gens ne connaissent pas mon visage, donc je ne suis pas

encore célèbre.

 

Justement. Ça vous attire, la célébrité ?

Grave. J’ai toujours voulu être connu. Plus jeune, j’avais créé un groupe de rap en même temps que Bigg et Mastaflow. Mais si eux ont réussi, moi non (rires). J’ai donc décidé de retenter ma chance avec quelque chose de particulier, un truc que je maîtrise mieux pour être dans le coup. Et là, ça commence à prendre.

 

En fait, vous voulez votre quart d’heure de gloire ?

Un peu plus que ça. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être une star. J’ai ça en moi, c’est comme ça. C’est un sentiment que je n’arrive pas à expliquer.

 

C’est pour sortir avec les filles qui fantasment sur les “caillera” ?

Why not. Oui, je reçois des mails gentils, parfois même des invitations à boire un café. Mais je reste méfiant vis-à-vis de la galaxie Web. Et surtout, je ne suis pas une caillera. Bouzebal représente ce qu’il y a de mauvais chez certains jeunes. Et, en même temps, c’est un personnage captivant, presque attendrissant.

 

Peut-on annoncer que Bouzebal est célibataire ?

Oui. Pour l’instant (rires). Je suis open aux rencontres, mon mail est d’ailleurs disponible sur Facebook. Alors avis aux intéressées…  Mais attention, il y a un paquet de faux profils de Bouzebal, choisissez le bon !

 

Quelle est votre source d’inspiration ?

Au début, je mettais en scène des blagues que tout le monde connaît. Puis je me suis intéressé aux scènes du quotidien : notre société est un véritable théâtre à ciel ouvert. Parfois, mon père et mes amis me suggèrent des idées que j’intègre dans mes scénarios. Par exemple, le nom Bouzebal et des expressions comme “brobliim a3chiri”, ou “haych maych” m’ont été soufflés par Oussama Tabriki, un pote d’Agadir que j’ai connu sur le Net.

 

A quand remonte votre dernière baston ?

C’était au collège, en 2001. Disons qu’il y a eu des dommages collatéraux. Depuis, je ne me bagarre plus, je suis devenu un pacifiste convaincu. D’autant que j’ai un gabarit qui ne convient pas aux bastons.

 

Comment financez-vous vos animations ?

Pour l’instant, je paye tout de ma poche. Avant de quitter mon boulot (responsable multimédia dans une entreprise privée), je travaillais le soir et les week-ends sur mes animations. Etant un passionné, j’ai tout le matériel qu’il faut. Une minute d’épisode peut demander quatre jours de boulot en termes d’animation, de musique et de mixage des sons.

 

Vous avez un nouveau job ?

Je viens de signer un contrat avec une grosse boîte. Mais je ne veux pas communiquer sur ce sujet pour l’instant.

 

A quand une pub où Bouzebal vante un marque de sauce tomate ou de confiture ?

J’ai reçu quelques offres de marques qui voulaient des insertions publicitaires pendant les épisodes de Bouzebal. Mais je les ai déclinées car les produits ne m’ont pas convaincu. Et, pour le moment, je n’envisage pas de passage à la télé, le personnage étant trop hard par rapport à la mentalité du pays. Les spectateurs marocains ne sont pas capables d’une véritable prise de recul, contrairement à ce que peuvent faire les Américains avec South Park ou les Français avec Les Lascars.

 

En somme, vous êtes en train de devenir un pro ?

Absolument. Je compte aussi travailler avec des scénaristes et des professionnels des multimédias pour développer le personnage. En groupe, on peut travailler plus vite et avoir plus d’idées.

 

Est-ce une manière de ne pas tomber dans la facilité ? Surtout que certains trouvent que votre personnage, sans être vulgaire, est un peu gras…

C’est vrai, le personnage est un peu trash. Je veux faire en sorte que tout le monde puisse regarder ses aventures en famille, sans ressentir de gêne.

 

Au final, seriez-vous un faux rebelle ?

Je n’ai jamais dit que j’étais rebelle. Je suis un chroniqueur du Maroc d’en bas.

 

A travers le personnage de Kilimini, vous exprimez beaucoup de mépris à l’égard des gosses de riches. Vous ne seriez pas un peu revanchard ?

Pas du tout, je ne suis pas revanchard. Comme Bouzebal, Kilimini représente ce qu’il y a de détestable chez certains fils à papa, en termes de bsala, de 3yaka et de hogra. Je suis un ould cha3b et je n’ai aucune revanche sociale à prendre.

 

Quelles sont vos idoles dans la vie ?

Bill Gates, Steve Jobs et Miloud Chaabi, des gars partis de rien pour atteindre des sommets. Ils incarnent pour moi les vrais self made men.

 

Quels cartoons vous ont le plus inspiré ?

J’ai grandi en regardant Goldorak, Belle et Sébastien… Après, j’ai été influencé par les mangas et par des trucs plus barrés comme South Park ou Les Lascars.

 

Beaucoup de jeunes se sont approprié le concept de Bouzebal et en font leurs propres parodies. ça ne vous dérange pas ?

Il faut distinguer le troll de Bouzebal, qui est un personnage public que tout le monde peut utiliser, et le personnage d’animation que j’ai d’ailleurs fait enregistrer à l’OMPIC pour protéger mes droits. Le troll est né aux Etats-Unis, sous la dénomination de High Face, et il a voyagé partout dans le monde. Ainsi, il s’appelle Asambi en Egypte et Bouzebal au Maroc.

 

Comment Bouzebal a-t-il vécu le Printemps arabe ?

Ce sujet est un brobliim a3chiri.

 

Pourquoi ?

Sérieusement, je suis pour un changement mais par des voies pacifiques. Je ne supporte pas la violence qui sévit dans le monde arabe. Les gens n’ont pas été préparés à ce qu’ils vivent actuellement, ils ne sont pas suffisamment instruits. Lorsque les mentalités sont prêtes, le changement se fait de façon naturelle.

 

A quand un nouvel épisode des aventures de Bouzebal ?

C’est imminent. Je prépare un 8ème épisode où mon personnage part en vrille à cause de ses rêves. Parallèlement, je travaille sur une animation pour lutter contre les sacs en plastique en Mauritanie.

 

Vous êtes donc un grand voyageur ?

Non, walou a3chiri. Nouakchott est mon seul fait d’armes.

 

 

 

Antécédents

 

  • 1984. Naissance à Mohammedia.
  • 1999. Monte un groupe de rap.
  • 2003.  Décroche son bac littéraire.

 

  • 2008. Obtient un diplôme de technicien en audiovisuel.
  • 2010. Réalise son 1er film d’animation, “Mi Ch3aybiya”.
  • 2011. Crée Bouzebal.
  • 2012. Réalise 7 épisodes d’animation de Bouzebal.

 

 

 

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