Zakaria Boualem vit terré chez lui...

Par Réda Allali

Salam alikoum les amis, un Zakaria Boualem fatigué vous salue. J’espère que vous allez bien, hamdoullah lui ça va, ça va, un peu dur les premiers jours mais bon, ensuite on s’habitue, vous savez comment ça se passe. Globalement, on peut dire que les choses se déroulent comme prévu. Mieux que prévu, même… un ramadan qui tombe pendant le mois huit, avouez que ça aurait pu faire peur. Merci au correcteur de ne pas toucher la phrase précédente : il s’agit bien du mois huit, aucune  autre appellation ne saurait être homologuée dans cette page. ça aurait pu faire peur, donc, disions-nous… Les effets cumulés du jeûne, de la chaleur et de l’oisiveté du Marocain en vacances auraient pu provoquer une catastrophe humanitaire ou deux, par jour s’entend. Mais pas du tout, on peut même dire que ça se passe bien. La télévision propose cette année des programmes plutôt inspirés, même si Zakaria Boualem n’a pas pris le risque de regarder nos chaînes pour vérifier. Ben oui, un petit mot gentil ça coute rien (de toute façon il ne les regardera pas, donc autant être sympa). Il paraît aussi que les gens dans la rue sont largement moins excités que les autres années, mais encore une fois, le Guercifi n’en sait rien, puisqu’il vit terré chez lui depuis le premier jour du ramadan. De temps en temps, il lit Le Matin du Sahara, ça lui fait du bien, même s’il se demande si c’est licite en plein ramadan, c’est un produit anesthésiant puissant, après tout… Le plus bel édito de cette semaine est consacré à notre gestion du Printemps arabe. Avec peu de calories dans le sang et encore moins d’heures de sommeil, c’est une lecture psychédélique : “…un pays où le pluralisme politique et syndical est enraciné, et où le débat contradictoire a quelques lettres de noblesse…des systèmes sociaux de médiation, traditionnels et modernes, convergeant et agissant, rodés à la gestion de la conflictualité, une gestion créative qui est, il est utile de le souligner, un des traits culturels et identitaires de la marocanité…”  Ya salaaaam… C’est un festival de psychédélisme, Woodstock est supplanté. Un peu plus loin dans le même papier, l’éditorialiste fustige “quelques persiffleurs habituels de notre système politique – auxquels, par ailleurs, on s’est accommodé – qui ont élevé le dénigrement à un niveau de mauvaise foi jamais égalé”. Eh oui, cet éditorialiste donne des leçons de bonne foi, n’est-ce pas formidable ?… Zakaria Boualem a donc décidé de suivre ce conseil et d’appuyer de bonne foi la demande de nos vaillants parlementaires de voir leurs émoluments augmenter de 4500 dirhams par mois. Très bon timing, très bonne idée, c’est une revendication légitime et raisonnable. Zakaria Boualem soutient également avec une bonne foi la remarquable décision du gouvernement de rendre l’université publique payante. Excellente initiative, il est vrai qu’un enseignement d’une telle qualité, dispensé dans un environnement aussi soigné et épanouissant, mériterait qu’on mette la main à la poche. Il était temps de rectifier cette anomalie de la gratuité, c’est fait, et merci. En toute bonne foi, Zakaria Boualem vous annonce qu’il ne croit pas un instant que notre athlète se soit dopée, c’est parfaitement impossible, c’est un complot. Aucun athlète marocain ne s’est jamais dopé, rappelons-le… Il y a plein d’autres choses que Zakaria Boualem voudrait vous dire avec sa nouvelle bonne foi mais c’est l’heure de la soupe, désolé.

Fin de transmission soudaine.

PS : Au fait, tous ceux qui geignent sur la baisse de productivité des Marocains pendant le ramadan devraient être contents cette année. En effet, il est d’usage que nous glandions deux mois dans l’année : le mois huit et le ramadan. Il faut aussi compter, pour certaines professions, le mois qui suit l’Aïd le grand, mais c’est un autre sujet. La superposition de deux mois d’ordinaire improductifs donne, au final sur l’année, un temps d’improductivité moins grand, c’est mathématique. Il faut préciser que Zakaria Boualem, de son côté, ne se plaint jamais du manque de productivité, il s’en fout un peu, de la productivité, et merci.