“Merci Hassan II…”

Smyet bak ?

Lakbir Benmokhtar.

 

Smyet mok?

Tamou Bent Abdelkader.

 

Nimirou d’la carte?

A 330693.

 

Alors comme ça vous avez une grima…

N’exagérons rien, ce n’est pas le scoop du siècle.

 

Expliquez-nous pourquoi les sportifs sont les plus grands bénéficiaires de ce systéme ?

Parce que leur carrière ne dure que quelques années. Le jour où il y aura une caisse ou un fonds qui garantisse une vie décente à un sportif après la fin de sa carrière, surtout s’il n’a pas été professionnel à l’étranger, le recours aux grimate sera obsolète. Pour l’heure, plusieurs sportifs et artistes ont le sentiment qu’ils n’ont pas été honorés par rapport aux services rendus à la nation.

 

En parlant d’injustices, vous étiez à Taza il y a quelques semaines. Avez-vous assisté aux violences du 1er février ?

Oui, malheureusement. J’ai été très choqué. J’ai grandi dans cette ville où les gens sont pacifiques et respectueux. Je ne cautionne pas les violences mais je comprends la détresse des gens à cause du chômage, de la cherté de la vie et du manque de perspectives d’avenir pour les jeunes. Les élus locaux qui se sont succédé sont responsables de cet état de fait. Il va falloir enquêter sur les raisons du malaise des Tazaouis.

 

Que voulez-vous dire ?

Pour ne parler que de sport, la ville a connu une forte régression pour les jeunes. L’AST, le club local de football d’où je suis issu avec Mustapha El Byaz, végète en troisième division pour des raisons que personne ne connaît. Le manque des infrastructures sportives fait que les jeunes n’ont plus où se dépenser. Il fut un temps où la ville disposait d’une grande piscine municipale avec une équipe de waterpolo et des espaces verts pour se promener. Actuellement, c’est la course au béton.

 

Donc vous êtes parti voir si l’herbe était plus verte ailleurs…

Je vous signale que Jamel Debbouze, Younès Belhanda, Jawad Zaïri, Mohamed El Gahs, le général Abdelaziz Bennani, sans oublier un nombre incalculable de personnes qui font partie de l’élite du pays, sont originaires de Taza, mais ils n’y reviennent que très rarement aussi. Mais je peux me rendre utile à la ville si on fait appel à moi.

 

Que pensez-vous de l’équipe nationale, qui revient d’un gros échec en Coupe d’Afrique des Nations ?

L’équipe a été très mal préparée. Il fallait partir à Marbella après avoir gagné la coupe, pas avant. Soyons clairs, la responsabilité incombe à la Fédération qui va mener le football marocain droit dans le mur si elle continue comme ça.

 

Carrément ?

(sourire) Je vais vous dire : la Fédération est composée de personnes qui n’ont jamais pratiqué le football. S’ils étaient professionnels, ils iraient chercher un entraîneur qui connaît bien le foot marocain et africain.

 

On met Gerets à la porte alors ?

Je n’ai pas dit ça. Le fond du débat, c’est un problème de gouvernance sportive. Il y a des entraîneurs qui méritent qu’on leur donne le temps et les moyens pour construire une équipe, qui serait un mélange entre les locaux et quelques professionnels.

 

Vous êtes pour que le sélectionneur fasse plus confiance aux joueurs locaux ?

Absolument. Le joueur local supporte mieux le climat de l’Afrique. La première fois où j’ai joué au Sénégal, je ne pouvais plus courir après quinze minutes de jeu. Je me rappelle une fois en Ethiopie, Taher Lakhlej s’est effondré lors des entraînements à cause de la température. Sans oublier l’eau qui n’avait de potable que le nom. Ce sont des choses que Gerets ignore sans doute et c’est le rôle des experts de la Fédération de lui signaler ça. Mais quand vous avez des gens qui n’ont jamais pratiqué le football, il ne faut pas s’attendre à grand-chose.

 

Comparé à l’équipe des FAR du général Housni Benslimane…

Les FAR, c’est ma deuxième maison. J’y suis arrivé à 14 ans. Le club m’a tout donné et m’a permis d’effectuer une belle carrière, tant au Maroc qu’à l’étranger. Depuis ma plus tendre enfance, je voulais jouer pour les FAR et être gendarme. J’ai pu réaliser mon rêve. En plus, c’est le général qui a donné le nom de Majid à mon fils. Il m’a sauvé aussi quand j’ai failli ruiner ma carrière en 1995.

 

Que s’est-il passé ?

J’ai été blessé au début de la saison. Mon genou a tellement enflé que je ne pouvais plus bouger. Après deux semaines, j’ai pris mes béquilles et suis parti au siège de l’état-major pour voir le général. Deux heures plus tard, j’étais en première classe dans un avion à destination de la France pour me soigner. Sans ce geste, ma carrière aurait été finie et mon transfert à Benfica ne se serait jamais fait.

 

Hassan II y a été aussi pour quelque chose, non ?

C’est vrai. Quand j’ai été contacté par un agent, qui était le beau-frère du grand Johan Cruyff, pour un transfert au club portugais, les FAR ne voulaient pas me lâcher. J’ai traversé une saison difficile. L’affaire a tellement été ébruitée que c’est sur intervention de feu Hassan II, qui était un grand fan du joueur portugais Eusebio, que j’ai été autorisé à partir.

 

Quel souvenir gardez-vous du fiasco de la Coupe du Monde 1994 ?

Fiasco, non, c’est exagéré. Avant notre départ pour les Etats-Unis, nous avions joué un match préparatoire contre l’Argentine de Maradona en personne. On devait prendre le même avion qu’eux. A l’aéroport, Maradona, donc, était adossé à un mur avec son sac de sport par terre et mangeait un sandwich tranquillement. Toute la délégation marocaine est restée stupéfaite devant ce spectacle. Dans l’avion, Maradona était le roi de la déconne. J’en garde encore un souvenir intact.

 

Vous avez arrêté votre carrière à 32 ans, vous étiez assez riche ?

J’ai bien gagné ma vie, mais j’ai arrêté pour d’autres raisons. J’étais encore sous contrat avec le club hollandais AZ Alkmaar et je souhaitais rentrer au Maroc. Ça n’a pas été facile à négocier…

 

Ensuite ?

Je suis rentré en 2003. Après deux jours d’entraînement avec les FAR, on m’a poussé vers la sortie. Je suis parti au Raja, où Henri Michel m’a très bien accueilli, avant d’échouer à Khemisset après un bref passage par le club de Touarga, à Rabat.

 

Pourquoi n’avez-vous pas envisagé, comme tant d’autres, une retraite dorée dans les pays du Golfe ?

J’ai effectivement reçu des offres pour jouer dans les pays du Golfe, voire aussi à Hong Kong et même en Israël. J’ai décidé de ne pas y aller et de rentrer chez moi pour m’occuper de ma famille. 

Antécédents

1972. Voit le jour à Taza

1986. Intègre l’école des FAR, à Rabat

1993. Rejoint l’équipe nationale

1994.  Participe à la Coupe du Monde aux Etats-Unis 

1996. Rejoint le Benfica Lisbonne

1998. Participe à la Coupe du Monde en France

1998. Rejoint le club AZ Alkmaar (Pays-Bas)

2003. Met fin à sa carrière

 

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