Sahara. La bombe à retardement

Depuis quelques années, les frictions tribales et ethniques sont fréquentes dans les provinces du Sud. La cohabitation entre Sahraouis et Dakhilis ne serait-elle qu’un leurre ?

Au Sahara, les habitants ont appris à se méfier du calme qui précède la tempête. En apparence, les grandes villes du Sud semblent couler des jours paisibles. Malgré quelques escarmouches sporadiques, Laâyoune, Boujdour ou Dakhla sont restées à l’écart de l’agitation relative aux manifestations du 20 février ou au vote de la nouvelle Constitution. En réalité, la région bourdonne. Signe de cette crispation : l’armée a réinvesti les principales artères de Laâyoune. En tout, cinq unités militaires sont stationnées dans différents points stratégiques de la ville. Objectif : prévenir tout dérapage à la veille d’une date anniversaire pas comme les autres. Celle du démantèlement du campement de Gdeim Izik, le 8 novembre 2010. “Les militaires souhaitent empêcher toute tentative de rééditer l’expérience. Ils ont même prévu d’installer des barrages qui couperaient la ville en deux si des manifestations éclataient. Mais la réponse sécuritaire n’est pas suffisante, tranche un élu sahraoui. Si les grandes problématiques sociales persistent, la protestation pourrait prendre de nouvelles formes”. Il y a un an (presque jour pour jour), des milliers d’habitants avaient installé un campement en plein désert pour réclamer du travail et un habitat digne. Pendant plus de trois semaines, ils ont tenu tête aux autorités locales, les empêchant d’accéder au camp auto administré par des “comités populaires”, soutenus par des éléments indépendantistes et des trafiquants notoires. Excédés, les sécuritaires donnent finalement l’assaut le 8 novembre 2010. La ville s’embrase. Des dizaines de voitures sont brûlées et des administrations et des commerces saccagés. Plus grave encore, des membres des forces de sécurité sont sauvagement tués, égorgés ou lynchés. Le choc est terrible. “Ces évènements ont profondément marqué la ville, et le Sahara en général. Car, en réalité, deux camps s’y sont opposés. Les insurgés sahraouis prenaient soin de ne brûler que les administrations publiques et les biens appartenant à des habitants originaires du Nord du pays. En face, ces derniers ont riposté en saccageant et en attaquant des biens exclusivement sahraouis”, rappelle un militant associatif. Ce jour-là à Laâyoune, un mythe est donc tombé. Celui de la cohabitation entre Sahraouis de souche et Dakhilis. “Ce n’est même plus une question d’indépendantistes ou d’unionistes. Les tensions intercommunautaires se sont particulièrement exacerbées durant ces derniers mois, laissant craindre le pire pour la stabilité de la région”, soutient Sidi Ahmed Tarrouzi, ancien président du conseil de la ville de Boujdour.

Sahraouis de souche
Cela est apparu au grand jour à Dakhla. La ville, réputée pacifique et sans histoire, a frôlé l’émeute générale à deux reprises. D’abord en février 2011, quand des confrontations entre jeunes habitants de la ville éclatent en marge du festival “Mer et désert”, faisant près de 20 blessés. Quelques mois plus tard, des escarmouches à la sortie d’un match de football amateur font sombrer la cité dans le chaos. Une véritable guerre des tranchées éclate entre les habitants des anciens camps Al Wahda (voir encadré) et des habitants originaires de Dakhla. Bilan : 7 morts, dont une femme et un adolescent de 16 ans, écrasé par un véhicule tout-terrain. “Cette violence doit nous interpeller tous, tranche Sidi Ahmed Tarrouzi. Elle est synonyme de haine. Elle renseigne sur une absence totale d’entente entre des populations qui vivent sur le même territoire. Le pire, c’est que cette violence ressurgit désormais au moindre incident”. Il y a quelques mois, des acteurs associatifs ont même tenté de créer une association des “Sahraouis de souche” ou des “habitants originaires du Sahara occidental”. Tentative évidemment avortée par les autorités, car elle consacre une ségrégation raciale jugée “inacceptable”. Les faits sont pourtant têtus. Au fil des années, le fossé entre les différentes communautés qui peuplent le Sahara n’a cessé de se creuser. Aujourd’hui, des observateurs parlent ouvertement de racisme et de tensions ethniques. Des concepts hier encore tabous. “Il y a une méfiance qui s’est installée entre les différentes communautés. A tel point qu’aujourd’hui, affirme un habitant de Laâyoune, il existe des cafés pour Sahraouis et d’autres pour Dakhilis”. Ahmed, enseignant installé à Laâyoune depuis la moitié des années 1980 va encore plus loin. Il affirme se sentir, malgré plus de trois décennies passées sur place, comme… un émigré. “Tout est fait pour nous faire sentir qu’on est de trop. La loi ne s’applique pas de la même manière aux différentes communautés qui habitent la région. Tous ne bénéficient pas des mêmes avantages et des mêmes subventions, sans parler de l’absence de réelle mixité sociale qui ferait reculer les différences ethniques ou tribales”. Selon un sociologue sahraoui, “le Sahara a toujours été considéré comme un territoire d’exception, où sont venues s’installer différentes communautés qui n’ont jamais vraiment appris à se connaître ou à vivre ensemble”.

Terre sans hommes
Et cela a commencé il y a plusieurs décennies. En 1975, le Maroc récupère le Sahara alors sous occupation espagnole. La machine militaire marocaine prend le relais des marcheurs pour défricher le terrain. En face, plusieurs tribus fuient vers les camps de Tindouf, influencées par la machine propagandiste du Front Polisario, qui présentait le Maroc comme “un monstre qui veut une terre sans hommes”. Pour développer la région, l’Etat s’appuie donc sur les élites restées sur place (essentiellement hispanophones) et n’hésite pas à encourager des populations originaires de la région de Oued Noun, plus au nord, à rallier le Sahara occidental. “L’Etat s’est naturellement appuyé sur ces élites, car elles étaient les mieux instruites et donc prêtes à servir de relais sur place. Mais au passage, cela a chamboulé l’organisation sociale de la région, fragilisant l’institution dite des grandes tentes et qui assurait la médiation entre les différentes tribus”, analyse un acteur associatif local. Au milieu des années 1980, le Maroc met les bouchées doubles pour développer le territoire, fraîchement récupéré. La politique des exonérations fiscales, de la double solde et des subventions attire très vite plusieurs fonctionnaires, des commerçants et des artisans originaires de plusieurs villes, parfois très éloignées du Sahara. “A cette époque, se rappelle cet habitant, les deux communautés ne se fréquentaient pas et ne se connaissaient pas du tout. Chacun vivait de son côté, en attendant des jours meilleurs”. Même l’intervention de l’Etat n’y a rien changé. Cet habitant raconte que Saleh Zemrag, du temps où il était gouverneur, était prêt à financer les mariages mixtes entre Sahraouis et Dakhilis. En vain. “Les Sahraouis ont une grande estime d’eux-mêmes et considèrent les Dakhilis tout au plus comme des opportunistes. Ces derniers le leur rendent bien, les considérant comme des bédouins dénués de tout savoir-vivre”, résume un membre du Corcas.

Bidonvilles au Sahara
En 1991, un accord de cessez-le-feu est signé entre le Maroc et le Polisario. A partir de cette date, les deux parties s’engagent dans un processus devant mener à l’organisation d’un référendum censé sceller le sort du territoire disputé. Mais, avant, il fallait déterminer l’identité du corps électoral. “C’est à ce moment, raconte cet ancien membre des commissions d’identification, que Driss Basri, alors ministre de l’Intérieur, installe plusieurs dizaines de milliers de personnes dans des camps de fortune, en attendant leur inscription sur les registres de l’ONU”. Des campements de milliers de tentes dits d’Al Wahda (union) apparaissent alors subitement à Laâyoune, Smara, Boujdour et Dakhla. Leurs occupants sont entièrement pris en charge par l’Etat. Nourriture, eau, électricité… tout leur est gratuitement fourni par l’armée. Problème : leur séjour, qui ne devait durer que quelques mois, se prolonge indéfiniment. Au fil des années, les tentes cèdent la place à des baraques en tôle, donnant ainsi naissance aux premiers bidonvilles du Sahara. Une nouvelle génération voit le jour au milieu de ces ghettos de fortune, qui posent désormais de vrais problèmes de sécurité et de salubrité publiques. Au milieu des années 2000, les habitants des camps Al Wahda finissent par être relogés dans des habitations en dur, gracieusement fournies par l’Etat. Mais le mode de fonctionnement ne change pas pour autant. Les anciens pensionnaires des camps continuent en effet de recevoir leurs rations alimentaires, ne payent pas l’électricité et bénéficient de dotations spéciales à l’occasion de certaines fêtes religieuses. Des avantages que les autres habitants de la ville voient d’un mauvais œil. “A Dakhla, les habitants de ce camp sont appelés Al Wakkala. Un mot lourd de sens et qui renvoie à ces assistés qui passent leur journée à manger et à dormir. Et c’est à eux que les jeunes Sahraouis se sont attaqués à Dakhla, à la sortie du fameux match de foot de septembre 2011”, rappelle un acteur associatif.

Soudain, les ralliés !
Au milieu des années 1990, une nouvelle catégorie est venue, elle aussi, grossir les rangs des assistés du Sahara : celle des ralliés. D’anciens combattants, voire des dirigeants du Front Polisario ont commencé à rentrer au Maroc, répondant au fameux appel de “la patrie clémente et miséricordieuse”. Là encore, l’Etat s’est montré particulièrement généreux à leur encontre… répétant les mêmes erreurs du passé. Après les camps Al Wahda, des quartiers dits d’Al âouda (le retour) voient le jour ici et là. Plusieurs vagues de ralliés y sont logés gratuitement. “Un ghetto de plus avec ses propres avantages, ses propres règles et ses propres exceptions”, commente un journaliste local. “Au final, les premiers habitants ont compris que pour bénéficier d’un logement décent et de subventions étatiques généreuses, il fallait être un habitant des camps Al Wahda ou un ancien pensionnaire des camps de Tindouf. Ce qui est très grave”, explique un élu. Cela a d’ailleurs été à la base du déclenchement de la crise de Gdeim Izik. Pour pallier le déficit en logements dans le chef-lieu du Sahara, l’Etat aménage 23 000 nouveaux lots de terrain. Ces derniers doivent être distribués aux derniers occupants du camp Al Wahda (5000) ainsi qu’aux habitants de la ville, selon des critères pré-établis. Mais au lendemain des élections de 2009, des lobbys locaux font capoter toute l’opération et distribuent les lots selon des critères tribaux ou politiques. C’est l’embrasement. “Cet électrochoc a au moins permis à l’Etat de mesurer l’urgence et la gravité de la situation sur place”, soutient cet observateur.

Message reçu ?
Quelques semaines après le démantèlement du campement de Gdeim Izik, un nouveau wali en la personne de Khalil Dkhil est désigné à Laâyoune. Et pour la première fois depuis le déclenchement du conflit, c’est d’un Sahraoui qu’il s’agit. Le geste est apprécié, mais il n’est pas accompagné de changements majeurs dans la politique officielle menée au Sahara. Il y a d’abord les problématiques sociales structurelles. Selon les dernières statistiques, Laâyoune a par exemple toujours besoin de 26 000 lots de terrain pour héberger ses habitants. Quand à l’emploi des jeunes, seuls 305 diplômés ont pu être embauchés dans différentes administrations. “Mais là encore, plusieurs de ces diplômés ont refusé leurs affectations dans des villes en dehors du Sahara et ont fini par obtenir gain de cause”, se désole un acteur associatif. “Le drame avec cette politique de l’assistanat, poursuit notre interlocuteur, c’est qu’elle donne l’impression que les ressources du Maroc sont intarissables et que le chantage est le seul moyen de parvenir à ses fins dans cette région sensible”. Autre facteur de déstabilisation : l’absence de réels espaces de mixité sociale. Tous les enfants reçoivent la même éducation dans les mêmes écoles par exemple, mais une fois chez eux, les petits Sahraouis vivent le conflit au quotidien. Les informations en provenance de Tindouf sont omniprésentes. “Une fois, raconte ce père de famille, mon fils est rentré me demander pourquoi sa collègue de classe a dessiné un drapeau national différent du sien. Malheureusement, le système éducatif local ne répond pas à ce genre de problématiques”.
Quant aux partis politiques, leur taux d’encadrement reste assez faible. Et l’appartenance à une formation politique se fait souvent sur des bases tribales au Sahara. “Et encore, relève ce militant d’extrême gauche, les partis politiques sont les premiers à ignorer les habitants non sahraouis de cette région”. Jusqu’à la fin des années 1990 en effet, les Dakhilis étaient empêchés de participer aux élections. Et aujourd’hui encore, très peu d’entre eux siègent au sein des conseils municipaux ou au parlement. Selon notre membre du Corcas, “il est urgent de marquer une rupture avec les politiques de favoritisme et d’assistanat. Il faut donner les mêmes chances et les mêmes droits à tous les habitants de cette région. Quand la notion de citoyenneté fait défaut, on se réfugie dans des considérations identitaires étroites et hermétiques. Cela peut avoir des conséquences très graves”. Un embrasement sur fond de conflits ethniques n’est pas à exclure.

 

Cohabitation. Les mots de la haine
Au Sahara, plusieurs mots peuvent désigner les habitants originaires du Nord du royaume. Il y a d’abord le plus courant, celui de “Ch’lihat” ou “les petites berbères”. Une appellation générique qui désigne toute personne non sahraouie. Le terme peut également être utilisé pour des Sahraouis dits de seconde zone, comme ceux originaires de Sidi Ifni ou de Guelmim. Plus dégradant encore, on retrouve le mot “hammal”, qui veut dire littéralement portefaix. Une manière d’insister sur le caractère opportuniste des Dakhilis, prêts à assumer les tâches les plus dégradantes pour pouvoir gagner leur vie. A Dakhla, les habitants de la ville ont, de leur côté, baptisé tout un quartier “Al Wakkala” (les mangeurs). Une manière parmi d’autres de désigner les habitants du camp Al Wahda et qui reçoivent, encore aujourd’hui, des subventions alimentaires de la part de l’Etat. En face, les Dakhilis ont également leurs mots, moins connus et plus génériques. A leurs yeux, les Sahraouis sont “mouskhine” (sales) ou “m’gamline” (pouilleux).

 

Population. Mosaïque improbable
Les dakhilis.
Toute personne non sahraouie est considérée comme étant “dakhili” au Sahara. Dans le lot, on retrouve des militaires ou des membres des Forces auxiliaires qui ont fini par élire domicile sur place. Il y a également ces milliers de fonctionnaires qui font tourner les administrations locales (justice, intérieur, santé, etc.) et qui ont commencé à être affectés au Sahara au lendemain de la Marche verte. A côté de ceux-là, on retrouve plusieurs corps de métier (coiffeurs, mécaniciens, menuisiers, etc.) arrivés au Sud dès le début des années 1980, sans oublier les commerçants (propriétaires de cafés, vendeurs de tissus, épiciers, etc.). Même si cette catégorie est majoritaire dans certaines villes comme Laâyoune, elle reste largement sous-représentée au sein des conseils élus.

Les sahraouis de souche. Ce sont les habitants du Sahara occidental. Ceux recensés par l’Espagne en 1974 et leurs descendants. A ne surtout pas confondre avec les Sahraouis qui ont rallié la région depuis Sidi Ifni, Guelmim ou la région de Oued Noun, en général après 1975. Les Sahraouis de souche se disent être les grandes victimes de la politique officielle au Sahara et donnent régulièrement de la voix depuis 2005.

Les habitants d’Al Wahda. Ils sont plusieurs dizaines de milliers de Sahraouis vivant en dehors de la zone contestée à avoir été transportés au Sahara, en vue de leur inscription sur les listes d’identification de la Minurso à partir de 1991. A la base, ils n’en avaient que pour quelques semaines. Ils sont encore sur place. Pourquoi sont-ils restés ? “Personne ne nous a jamais demandé de partir”, nous répond-on. Et pourquoi partir quand l’Etat vous prend entièrement en charge et vous distribue régulièrement des rations alimentaires correctes…et des cartes de l’Entraide nationale pour les plus chanceux.

Les ralliés. Ils sont près de 8000 combattants et dirigeants du Front Polisario à avoir répondu favorablement à l’appel lancé par Hassan II au milieu des années 1990. Une fois rentrés au pays, ces ralliés ont (presque tous) bénéficié d’habitations en dur. Les dirigeants du Front ont quant à eux hérité de postes officiels au sein de l’administration publique. Dernier exemple en date : celui d’Ahmeddou Ould Souilem, nommé ambassadeur à Madrid.

 

Chronologie. 11 ans de tensions
Septembre 1999.
De violentes confrontations éclatent à Laâyoune, quelques semaines à peine après l’intronisation de Mohammed VI. Les revendications sont essentiellement sociales (emploi, habitat, etc.). Les protestations des habitants sont violemment réprimées par le ministre de l’Intérieur, Driss Basri, congédié quelques jours plus tard, sur la base d’un rapport établi par le général Hamidou Laânigri, tout nouveau patron de la DST.

Mai 2005. En mai, un banal sit-in devant la prison de la ville se transforme en “intifada”. Les manifestants du quartier Maâtallah brûlent des pneus, lancent quatre cocktails Molotov et une petite bonbonne de gaz qui explose à côté d’un véhicule militaire. Les slogans appellent clairement au départ du Maroc du Sahara (“Fuera Marruecos”) et chantent la gloire du Front Polisario. Plusieurs personnes, dont des icônes du mouvement indépendantiste, sont arrêtées puis traduites en justice.

Novembre 2010. En quelques jours, les habitants de Laâyoune installent un campement gigantesque à l’extérieur de la ville. Gdeim Izik restera fermé aux autorités locales et aux forces de l’ordre pendant plusieurs semaines. L’assaut est finalement donné le 8 novembre. Les forces de sécurité ont l’ordre de démanteler le camp sans tirer une seule balle. Résultat : les militaires se font littéralement lyncher par les insurgés. Bilan : 11 morts et près de 200 blessés.

Février 2011. A l’occasion d’un concert du festival “Mer et désert” à Dakhla, de jeunes indépendantistes viennent brandir un drapeau du Polisario pour attirer l’attention des médias internationaux venus couvrir l’évènement. Des confrontations éclatent entre Dakhilis et Sahraouis. Résultat : plusieurs blessés plus ou moins graves et l’annulation du festival.

Septembre 2011. Des altercations verbales éclatent entre jeunes à la sortie d’un match de football amateur à Dakhla. Mais la situation se dégrade très vite, après l’agression d’un jeune Sahraoui. Une véritable guerre des tranchées éclate. Elle dure plus de trois jours et fait 7 morts et des dizaines de blessés.

 

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