Zakaria Boualem a décidé de vous parler du zèbre...

Par Réda Allali

Il n’aura pas échappé au lecteur perspicace que notre pays vient de vivre un nouvel instant historique autoproclamé – le septième ou le huitième de cette année chargée. Pour rendre hommage à la puissance de notre fière avancée vers les lumières de la gloire, Zakaria Boualem a décidé de vous parler cette semaine du zèbre. N’y voyezaucun sous-entendu subtil, c’est une décision qui est le résultat d’un raisonnement rigoureux. Car, voyez-vous, notre homme n’a rien à analyser, ces élections dépassent très largement sa capacité à appréhender le monde autour de lui. Lorsqu’on en arrive à placer fièrement sur des affiches un lion en smoking servant du thé, lorsqu’un parti au pouvoir depuis un demi-siècle se met au hip hop en nous parlant de révolution, lorsqu’un véhicule de na9l al amouate se retrouve transformé en espace de publicité politique, lorsqu’on reçoit un sms signé attoufa7a nous demandant de voter pour la pomme afin de lutter contre la corruption, lorsqu’un politique qui a traité les musiques actuelles de dépravées invite un rappeur en première partie, lorsqu’un candidat distribue aux électeurs des sacs de ciment pour acheter leurs voix, il n’y a plus qu’à se taire et à espérer que personne ne nous regarde. Le correcteur de grammaire et d’orthographe vient de me glisser une interminable vaguelette verte sous la phrase précédente, signalant que sa longueur exceptionnelle heurte la syntaxe usuelle. Ce n’est pas de ma faute, c’est la réalité qui heurte en fait la syntaxe usuelle. Se taire, donc. C’est la réaction la plus digne qu’on puisse espérer d’un homme comme Zakaria Boualem : faire comme si on n’avait rien vu, détourner l’attention pour diminuer le sentiment de honte diffus. Le jour où il ne se sentira plus responsable des délires de ses compatriotes, alors il sera un homme libre. (Il est intéressant de constater que chez nous, on estime qu’un Marocain doit représenter tous les Marocains : ceux qui n’aiment pas un film expliquent souvent “qu’il ne nous représente pas”, ou “qu’il nous fait honte” par exemple, alors que jamais un Américain ne s’estimera trahi par un navet… Le mystère demeure complet sur les ressorts de ce comportement).
Le Guercifi ne saurait non plus faire de l’humour dans un instant aussi solennel, et d’ailleurs il en serait incapable vu le niveau stratosphérique de ses concurrents. Il risque bien de faire comme Coluche qui, se plaignant du fait que les politiques lui aient piqué son boulot d’humoriste, avait essayé de leur piquer leur boulot de politique en se présentant aux élections… Il ne lui reste plus que l’informatif, donc un texte sur le zèbre, et merci. Si vous pensez qu’il s’agit de foutage de gueule, sachez que ce n’est pas Zakaria Boualem qui a commencé, et qu’il serait malvenu de lui en tenir rigueur au moment où certains exercent cette pratique depuis des années en récoltant des applaudissements.
La particularité du zèbre, bien sûr, ce sont ses rayures. Sans elles, il serait relégué au rang d’âne et il ne servirait même pas de diversion pour chroniqueur en panne d’idées. Sachez pourtant que le zèbre, à la base, est noir. Les rayures apparaissent dans ses premiers mois, ce qui est assez troublant. Certains pensent que cet étrange pelage a un effet stroboscopique sur les prédateurs et qui, associé à une vitesse de pointe respectable de 65 km/h, en fait une cible compliquée. Il est à noter pour terminer qu’il existe des zèbres albinos, dont les bandes noires ne sont pas blanches (sinon elles perdraient leur statut de bandes) mais jaunâtres, ce qui est aussi très élégant. Voilà les informations de base.
Il semble que cette page n’a que trop duré, c’est fini pour cette semaine, et merci.